Après dix-huit mois de travail, la Haute autorité de santé a publié, le 20 juin, de nouvelles recommandations sur la borréliose de lyme et autres maladies vectorielles à tiques (MVT).
La maladie de Lyme ne fait pas consensus au sein des scientifiques. En guise de solution, la HAS a publié en juin de nouvelles recommandations(1), qui remplacent la conférence de consensus de 2006(2). En l’état actuel, il ne s’agit pas au sens propre d’un PNDS(3), comme prévu dans le plan national de lutte contre la maladie de Lyme lancé en 2016(4). En effet, la Spilf(5), partenaire de la HAS sur ce projet, n’a pas souhaité, à la dernière minute, valider le texte. « Nous ne pouvions plus attendre à cause d’un problème de dissension interne, il y a des patients qui souffrent, affirme le Dr Cédric Grouchka, membre du collège de la HAS et président de la commission stratégies de prise en charge. Cela ne change rien sur le fond et la prise en charge des malades. Ces recommandations doivent être utiles aux professionnels de premier recours et à certains patients concernés, dans l’attente et dans l’errance. »
Pour apporter une réponse aux patients en situation d’errance médicale, la HAS a introduit le terme un peu barbare de « symptomatologie/ syndrome persistant (e) polymorphe après une possible piqûre de tique ». Ce SPPT concerne les patients qui remplissent les critères suivants : avoir une piqûre de tique possible avec ou sans antécédent d’érythème migrant et une triade de symptômes qui se manifestent plusieurs fois par semaine depuis plus de six mois. À savoir : un syndrome polyalgique (douleurs musculo-squelettiques, céphalées, allure neuropathique) associé à une fatigue persistante avec réduction des capacités physiques et des plaintes cognitives (troubles de la concentration et/ou de l’attention…). « On ne sait pas diagnostiquer un Lyme chronique, on ne sait pas s’il existe, donc on va procéder par diagnostic différentiel, explique Cédric Grouchka. Et si le bilan étiologique n’aboutit à aucun diagnostic, on proposera au patient un traitement antibiotique d’épreuve de vingt-huit jours. » Aucune prolongation de traitement antibiotique ne devra être proposée en dehors des protocoles de recherche encadrés par un centre spécialisé des MVT.
Mais pour la Spilf, rejointe par treize sociétés scientifiques et professionnelles, c’est notamment le chapitre 4, qui porte sur le SPPT, des recommandations de la HAS qui pose problème. Les signataires d’un communiqué daté du 19 juillet(6) en demandent tout simplement la suppression ! Pour le Pr Yves Hansmann, du service des maladies infectieuses et tropicales du Nouvel Hôpital civil au CHU de Strasbourg, « la définition n’est pas cadrée et une maladie mal définie laisse place à une interprétation, estime-t-il. Des symptômes qui se développent après une possible piqûre de tique, sans savoir si c’est une maladie de Lyme, c’est un peu de la médecine fiction ! Or, il faut mettre des bornes pour que les patients et les médecins puissent avancer. Par ailleurs, dire que la bactérie persiste toute la vie comme on l’entend parfois, c’est très hypothétique. Au sein de la Spilf, nous nous opposons fortement à cette notion de Lyme chronique. En médecine, on attribue la notion de “chronique” à quelque chose qui dure et qui ne guérit pas. Mais les patients soignés pour Lyme vont guérir. Ils récupèrent une forme physique correcte. Dans les stades précoces, il y a une guérison avec un traitement par antibiotiques. Mais plus la prise en charge est tardive, plus les séquelles sont importantes. C’est là que se pose la question du diagnostic. Or, sans diagnostic, il est difficile de prescrire. Ce sont ces dérives que nous voulons cadrer. »
1- À consulter sur : bit.ly/2vsxven
2- Disponible sur : bit.ly/2oEsnDl
3- Protocole national de diagnostic et de soins.
4- Voir : bit.ly/2Bl6qG5
5- la société de pathologie infectieuse de langue française.
6- Voir : bit.ly/2oiqgg8