L'infirmière Magazine n° 396 du 01/09/2018

 

PSYCHIATRIE

ACTUALITÉS

COLLOQUES

Isabel Soubelet  

Différemment organisées sur le territoire, les équipes mobiles viennent d’être décortiquées après une enquête en ligne, avec des résultats enrichissants.

Les équipes mobiles (EM) sont un “bricolage” au sens noble : elles s’adaptent sur le terrain à un environnement spécifique, souligne Jean-Pierre Burnichon, cadre de santé à l’EPSM(1) de Saint-Cyrau-Mont-d’Or (métropole de Lyon) et docteur en sociologie. L’idée de ce travail était de voir si des pratiques communes ressortaient. » Pour mieux connaître leurs actions, il a mené une étude, de janvier à mars 2018, auprès de 200 équipes mobi les, exclusivement en psychiatrie, avec un taux de retour complet au questionnaire de 41 %. Les résultats ont été présentés lors du sixième congrès de l’AEMP(2), les 28 et 29 juin derniers à Marseille.

IDE en première ligne

Premier constat : si les EM sont composées d’une grande variété de professionnels, l’infirmier est le plus représenté (95,7 %), puis vient le médecin (87,1 %), le cadre de santé (67,1 %), le secrétaire (52,9 %), l’assistant social (37,1 %) et l’éducateur (14,3 %). Concernant la structure de l’EM, elle atteint près de quatre ETP dans 19,1 % des cas, trois dans 10,3 % des cas et cinq dans 8,8 % des cas. Côté financement, 74,6 % d’entre elles pensent en avoir un pérenne, mais seules 46,5 % ont leur propre budget de fonctionnement. Dans 62,9 % des cas, les EM de psychiatrie interviennent en zone citadine et en zone rurale avec, en leur possession, divers équipements. Elles disposent d’un téléphone mobile (dans 90,1 % des cas), d’un véhicule (78,9 %) et de supports numériques (87,3 %).

Des lieux variés

Les interventions de ces équipes se font dans 77,5 % des cas au domicile des patients, dans 72,5 % au sein d’un local associatif ou municipal, mais également dans 64,8 % dans un café, un bar ou dans la rue, et dans 23,5 % des cas dans un cabinet médical libé ral. « Cette diversité de lieux correspond à la singularité de chaque situation, précise Jean-Pierre Burnichon. Les équipes peuvent intervenir dans un centre social, un foyer de l’enfance, sur un chantier d’insertion, mais aussi à la gendarmerie, dans une cage d’escalier, ou bien en menant un entretien en roulant aux côtés d’un adolescent, qui va pouvoir exprimer ses envies… » Les interventions sont réalisées en binôme de professionnels dans 70,4 % des cas, à savoir une infirmière et un autre professionnel, et dans 82,6 %, ce binôme est modulable d’une intervention à l’autre. « Cela permet de diffracter le transfert que peut parfois faire le patient sur une personne. Il le fera alors sur une équipe », ajoute-t-il.

Par ailleurs, dans 67,6 % des cas, le nombre moyen d’interventions par patient est supérieur à dix et dans 27,9 % de cas, elles sont au nombre de un à quatre. Dans l’identification du parcours de soins, l’EM est au plus près des personnes et développe les liens avec les circuits et les réseaux de coordination. Et cela porte ses fruits.

Réhospitalisations réduites

L’enquête met en évidence trois résultats notables : dans 73,3 % des cas, les interventions de l’EM ont une incidence sur le taux annuel d’hospitalisation du secteur d’intervention, dans 80,7 % des cas sur le taux de réhospitalisation, et dans 61 % sur le taux annuel de suicide. Par ailleurs, dans 56,7 % des cas, le secteur où intervient l’équipe est doté d’un CLSM(3), une plateforme de concertation et de coordination du territoire, présidée par un élu local et co-animée par la psychiatrie publique, intégrant les usagers et les aidants. Quant à l’avenir des EM, il semble au beau fixe. Dans 87,3 % des cas, elles estiment qu’elles vont se développer. Et deux éléments prioritaires pourraient faciliter cette croissance : le financement (80,9 %) et la volonté institutionnelle (79,4 %). Reste à se faire entendre.

1- Établissement public de santé mentale.

2- Association des équipes mobiles en psychiatrie.

3- Conseil local de santé mentale

APRÈS L’HOSPITALISATION

L’accompagnement des patients

En 2017, le réseau de santé polyvalent (RSP) Ilhup(1), financé par l’agence régionale de santé Provence-Alpes-Côte d’Azur (Paca), a accompagné 3 370 personnes, dont 2 996 nouveaux patients. Son objectif est de faciliter la coordination des professionnels de santé de proximité quand un patient sort de l’hôpital.

Cela peut concerner les plaies et cicatrisations, la réhabilitation améliorée après chirurgie (RAAC), les traitements anticancéreux oraux… Il propose aussi un accompagnement psychologique à tous les patients atteints d’un cancer et à leurs proches, résidant ou pris en charge en région Paca. Et ce, à tous les moments de la maladie. Cela peut prendre la forme d’une orientation vers un psychologue disponible près du domicile du patient, lors de quatre séances par téléphone, en cabinet ou à domicile, avec une prise en charge financière, partielle ou totale, selon les revenus du foyer.

1- Intervenants libéraux et hospitaliers unis pour le patient.