L’étude Babydoul, menée à l’hôpital Armand-Trousseau (AP-HP), a démontré l’efficacité du regroupement fœtal après des soins douloureux. Ses résultats viennent d’être publiés(1).
À mon arrivée au service de réanimation néonatale et néonatologie d’Armand-Trousseau (AP-HP) en 2009, j’ai pu observer la technique de regroupement fœtal face à l’agitation d’un enfant ou lors d’un soin douloureux », explique Anne Perroteau, cadre de santé et investigatrice de l’étude, avec Marie-Christine Nanquette, cadre supérieure de santé, et Judith Leblanc, IDE post-doctorante.
« Cette technique consiste à repositionner le prématuré dans la position du fœtus in utero, poursuit la cadre. Cela avait des effets apaisants mais ce n’était pas une technique validée. Nous n’avions d’ailleurs trouvé qu’une étude(2) qui en parle comme apaisante. Nous avons donc lancé un projet de recherche sur ce sujet. » C’est ainsi qu’est née l’étude Babydoul, menée pendant un an et demi (2014-2015) sur 60 enfants de 28 à 32 semaines d’aménorrhée. Première étape : expliquer le projet aux parents et recueillir leur consentement. « Nous voulions réaliser l’étude sur les quarante-huit premières heures de vie de l’enfant. C’était dur de voir les deux parents, nous rencontrions donc plus facilement le père. Un tirage au sort par logiciel répartissait ensuite les enfants en deux groupes de trente : l’un recevait la manœuvre de regroupement fœtal associée à la succion non nutritive, l’autre seulement la tétine, lors d’un prélèvement capillaire », détaille Anne Perroteau.
Courant chez les grands prématurés, ce soin quotidien consiste à prélever un échantillon de sang pour des examens, type glycémie, au niveau du talon. Pour les besoins de l’étude, le soin était filmé et la vidéo était ensuite utilisée comme base pour évaluer la douleur de l’enfant. « Nous avons utilisé une échelle d’évaluation de la douleur, qui nécessitait de surveiller les variations de mouvements (par exemple, des grimaces) et des paramètres physiologiques. Le film était ensuite revu par des personnes extérieures au service, qui ne connaissaient pas l’étude. »
Si l’étude a montré que le regroupement fœtal n’avait pas d’impact suffisant sur la douleur pendant la glycémie capillaire, « en revanche, nous avons observé un impact sur la récupération de l’enfant après le geste douloureux, à trois minutes », note Anne Perroteau. Pour elle, « donner du sens à cette pratique a permis de la valoriser et de l’utiliser à bon escient. Elle est employée avec de meilleures indications, pour améliorer la récupération. Le regroupement fœtal ne suffit pas à couvrir l’antalgie de l’enfant, donc on va plutôt l’utiliser sur des gestes douloureux, en complément d’autres mesures antalgiques. »
1- Dans la revue International Journal of Nursing Studies, juin 2018.
2- L’étude existante était celle de Gibbins S., « Efficacy and safety of sucrose for procedural pain relief in preterm and term neonates », Nursing Research, 51 (6) : 375-382, novembre 2002.