Le président de la République a présenté, le 18 septembre, sa réforme du système de santé lors d’un discours à l’Élysée. Ce plan Santé, décliné par Agnès Buzyn, contient 54 mesures.
Pour Emmanuel Macron, le système de santé ne souffre pas d’une insuffisance de financements mais d’une mauvaise organisation. C’est ce diagnostic qui a guidé l’élaboration, par les ministres de la Santé et de l’Enseignement supérieur, du plan « Ma santé 2022 », qui souhaite remédier à l’un des symptômes de la crise actuelle : la raréfaction du temps médical.
Première mesure : la fin du numerus clausus, qui limite le nombre d’étudiants autorisés à passer en 2e année de médecine. Institué en 1971, ce quota a été drastiquement réduit dans les années 1970 et 1980, avec pour conséquence la pénurie médicale actuelle. « Dès la rentrée 2020, il n’y aura plus de concours à la fin de la première année, c’est-à-dire plus de Paces(1), cet acronyme synonyme d’échec pour tant de jeunes, a indiqué le Président. Tous les étudiants inscrits en licence, quelle que soit leur spécialité, pourront rejoindre en 2e, 3e ou 4e année le cursus de médecine. » Cette réforme, dont les contours restent à préciser, devrait permettre de faciliter les passerelles entre les métiers de la santé.
S’agissant des infirmières, le chef de l’État a annoncé que « des décisions seront prises pour valoriser et rémunérer de nouvelles pratiques avancées », en particulier en psychiatrie. « Cette forme moderne d’exercice, permettant à des professionnels paramédicaux de se voir reconnaître des compétences relevant réglementairement des médecins, souhaitée depuis plus de dix ans, est enfin possible », s’est-il félicité. Il reste que les moyens mis sur la table pour financer la réforme sont modestes. Alors qu’Emmanuel Macron s’était engagé à une augmentation des dépenses d’Assurance maladie de 2,3% par an, l’effort sera poussé, l’an prochain, à 2,5 %. Soit une petite bouffée d’oxygène de 400 millions d’euros. « J’ai conscience que les problématiques de court terme que nous connaissons - qu’il s’agisse des hôpitaux en Outre-mer, de l’AP-HP, de l’AP-HM ou des établissements psychiatriques - appelleront de toute façon à des mesures d’urgence », a dit le Président. En même temps, l’Assurance maladie devra financer des mesures nouvelles, notamment le salaire de 400 médecins envoyés en renfort dans les déserts médicaux et 4 000 postes d’assistants médicaux, qui pourront être embauchés dans les cabinets de médecine de ville.
À l’hôpital, l’objectif demeure la réduction de la part de la tarification à l’activité (T2A). Ainsi, l’enveloppe dédiée à la rémunération des hôpitaux sur des indices de qualité passera de 60 à 300 millions d’euros. La prise en charge du diabète et de l’insuffisance rénale chronique sera, dès 2019, financée au forfait pour leur partie hospitalière. Par ailleurs, la logique des groupements hospitaliers de territoire (GHT) sera poursuivie. Les régimes d’autorisation des activités de soins vont être réformés pour mieux graduer l’offre de soins. Ainsi, plusieurs centaines d’hôpitaux locaux vont être labellisés « hôpitaux de proximité ». Sans urgences ni maternité, ils se recentreront sur la médecine polyvalente, la gériatrie et les soins de suite et de rééducation. Enfin, les « synergies » entre les GHT et les cliniques vont être encouragées.
1 - Première année commune aux études de santé.