La 6e rencontre du Snitem, le syndicat des fabricants de dispositifs médicaux, a eu lieu le 11 septembre, à Paris. Elle était consacrée à la place du numérique dans les soins.
Les infirmières et les ordinateurs remplaceront-ils bientôt les médecins ? C’est en tout cas ce qu’affirmait l’un d’entre eux lors du colloque du Snitem, le Syndicat national de l’industrie des technologies médicales, le 11 septembre à l’Institut Pasteur (Paris). « Mon rôle sera moins dans la technique et plus dans l’accompagnement du malade, a prédit le Pr Guy Vallancien, ancien chef du département d’urologie à l’Institut Montsouris, à Paris. Les médecins, moins nombreux et mieux formés, vont davantage travailler avec les IDE, à qui ils pourront transférer au moins 50 % de leurs activités. Ces derniers les pratiqueront très bien. » On en est sans doute encore loin mais, en attendant, l’une des promesses immédiates du numérique est de mieux sécuriser les actes. Ainsi, Sébastien Topin, responsable du département application et connectivité de B. Braun Medical, a présenté une application qui permet à l’IDE de biper le bracelet du patient puis le code de la pompe de chimiothérapie, pour vérifier que le bon traitement est administré au bon patient. « Sans le numérique, la qualité des soins et l’efficience ne sont plus possibles », a renchéri Lamine Gharbi, président de la Fédération de l’hospitalisation privée (FHP).
La blockchain, cette technique de stockage d’informations dans plusieurs endroits à la fois afin que le contenu ne puisse pas être modifié, pourra aussi, à terme, mieux sécuriser la chaîne du médicament ou le contenu du dossier médical. La numérisation de ces derniers, par ailleurs, a été le point de départ de la transformation numérique dans beaucoup d’établissements.
La clinique Pasteur, à Toulouse, en a été l’une des pionnières. « La technologie doit toujours s’adapter aux usages des professionnels, l’information des dossiers médicaux a pris dix ans », a expliqué son directeur, Dominique Pon, qui pilote le chantier numérique de la stratégie de transformation du système de santé voulue par le gouvernement. Aujourd’hui, sur le site de sa clinique, un patient sur deux a déjà créé son propre espace numérique.
Le directeur de l’AP-HP, Martin Hirsch, a indiqué, lui, travailler à la suppression, dans les cinq ans, de toutes les archives papier. « Nous réfléchissons à la manière de numériser utilement trente ans d’histoire médicale de dix millions de patients. » Dès octobre, les patients parisiens pourront déjà avoir accès à leur dossier médical en ligne.
À encore plus long terme, toutes les attentes se portent sur l’utilisation de l’intelligence artificielle (IA). Pour Zaynab Riet, déléguée générale de la Fédération hospitalière de France (FHF), il ne s’agit pas d’un “effet de mode” : « L’IA aura un impact sur l’évolution des métiers, les parcours de soins et la gestion de l’humain. » Son prédécesseur, David Gruson, a d’ailleurs lancé en janvier une « initiative académique et citoyenne » intitulée Ethik-IA, qui veut proposer des règles dans ce domaine. « Les risques ne sont pas théoriques, met-il en garde. On peut craindre une délégation de la décision médicale et du consentement du patient aux machines. » Il plaide ainsi sur la mise en place de garde-fous afin que l’humain garde le contrôle sur les ordinateurs.
Les dispositifs médicaux ont « absorbé le numérique depuis plusieurs années mais on commence juste à voir les conséquences », a souligné Stéphane Regnault, président du Snitem. En effet, les dispositifs médicaux peuvent déjà capter et conserver des données, à l’image des glucomètres connectés, qui facilitent le quotidien des diabétiques. S’agissant du matériel médical orthopédique, la technologie permet de fabriquer des dispositifs plus individualisés. Ainsi, le fabricant français Thuasne installe actuellement des scanners en pharmacie.
« Le prototypage numérique des orthèses permet d’aller beaucoup plus vite et d’être plus précis », a souligné sa PDG, Élizabeth Ducottet.
Dans la même idée, la start up Biomodex développe des maquettes de simulation chirurgicale imprimées en 3D à partir de l’imagerie.
« Le chirurgien peut ainsi s’entraîner avant de réaliser l’intervention, a expliqué Anna Garrec, directrice des opérations. Cela permet des opérations plus rapides et moins risquées. »