Optez pour le label - L'Infirmière Magazine n° 397 du 01/10/2018 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 397 du 01/10/2018

 

APPLIS SANTÉ

DOSSIER

Dans les applis de nos téléphones transitent actuellement foule de données de santé. Pour bien les choisir, certaines règles sont à respecter. Heureusement, des labels sont là pour nous aider.

Pour mesurer son niveau d’activité physique, pour faciliter la prise de médicaments, pour gérer son diabète, pour arrêter de fumer et même, pour se brosser les dents correctement ! Les applis santé comptent parmi les plus nombreuses et les plus téléchargées. Un tel foisonnement nécessite souvent que les utilisateurs, qu’il s’agisse du grand public ou des professionnels de santé, soient guidés pour choisir celle qui aura la meilleure valeur d’usage, la plus grande simplicité d’organisation, et, bien sûr, celle qui protégera le mieux les données qui lui sont confiées.

Il faut reconnaître que, depuis quelques années, beaucoup de ménage a été fait dans le secteur. En 2016, la Haute Autorité de santé (HAS) a publié un guide à l’attention des créateurs d’applis. Le but était de lutter contre les inquiétudes légitimes suscitées par le développement de ces outils. « Risque d’informations inexactes, partisanes ou sponsorisées, risque de récupération d’informations personnelles permettant à des tiers non autorisés de connaître l’état de santé d’une personne, non-fiabilité des données recueillies avec mise en danger de la santé de l’utilisateur », précisait le rapport. La HAS y listait donc 101 bonnes pratiques pour garantir la qualité des produits : fiabilité scientifique, confidentialité, ergonomie…

Des critères de fiabilité

Mais un tel guide ne garantit pas que les créateurs d’applications en respectent les prescriptions. Heureusement, il existe depuis 2016 un label permettant d’identifier les applis les plus fiables. Développé par la start up DMD santé, mHealth Quality passe les candidats au crible de divers critères : pertinence des contenus médicaux, analyse juridique, réglementaire et éthique, protection de la vie privée, sécurité du code, valeur d’usage…

Les créateurs d’applis paient pour obtenir le label et peuvent par la suite l’afficher sur les stores. En choisissant une appli labellisée, on est donc à peu près sûr que les données qu’on lui confiera seront sécurisées. C’est du moins l’opinion du Dr Guillaume Marchand, co-fondateur et président de DMD santé. « Chez nos clients au moins, il y a maintenant une vraie culture de la sécurité, affirme-t-il. A-t-on atteint le 100 % de sécurité ? Clairement non. Mais c’est entré dans les mœurs. »

Un enjeu de sécurité nationale

Pour ce spécialiste de la santé mobile, l’enjeu n’est d’ailleurs pas vraiment dans le risque de piratage des données à des fins de revente commerciale. « Je ne crois pas que les données lipidiques de 900 résidents d’Ehpad aient une quelconque valeur commerciale : si on veut pirater une appli, il vaut mieux en choisir une qui contient des données bancaires », assure-t-il. Il estime en revanche que la sécurité des applications est importante d’un point de vue assez inattendu : celui de la sécurité nationale. « Si, par exemple, quelqu’un arrivait à faire sauter toutes les données de télésuivi entre ville et hôpital, cela ralentirait le pays de manière considérable, imagine le médecin. Et cela, sans mettre un seul soldat sur le territoire. »

Il est donc primordial de choisir les meilleures applis. Comment ? « Avec la labellisation, évidemment, sourit Guillaume Marchand. Mais, en dehors de l’autopromotion, il y a des signes qu’il faut bien regarder, comme la présence de mentions légales et de CGU (conditions générales d’utilisation, NDLR), par exemple. La taille de l’éditeur est également importante : les plus gros sont généralement les plus sérieux. En revanche, le fait que l’appli soit payante, ou qu’elle émane d’un acteur public, n’est pas un critère. »

Le message est donc clair : le monde des applis santé est encore une jungle mais, comme le dit Guillaume Marchand, « la poussière commence à retomber sur le tapis et les acteurs majeurs sont en train d’émerger ». Et comme, en plus de la santé des patients, c’est la sécurité du pays tout entier qui est en jeu, il s’agit de ne pas se tromper.