L'infirmière Magazine n° 397 du 01/10/2018

 

SOINS DE SUPPORT

FORMATION

PRISE EN CHARGE

CLAIRE MANICOT  

Infirmière en consultation gynéco-obstétrique au centre hospitalier Verdun Saint-Mihiel (Meuse), Marylène Metillon pratique l’hypnose auprès de femmes atteintes du cancer du sein. Rencontre.

Qu’est-ce qui vous a conduite à pratiquer l’hypnose ?

D’abord, le chef de pôle gynécoobstétrique, Laurent Pannequin, qui est très ouvert aux nouvelles techniques qui favorisent le bien-être. Ensuite, c’est grâce à ma cadre, Fabienne Gauley-Raulin, sagefemme coordinatrice, que j’ai pu suivre une formation en 2014 et 2015 auprès de l’Institut français d’hypnose, à raison de deux à trois jours tous les deux mois.

Dans quel cadre utilisez-vous l’hypnose ?

Précisons d’abord que cette méthode permet de modifier l’état de conscience du sujet, de dissocier le conscient de l’inconscient et, de ce fait, de créer une distance avec son propre corps. Elle l’aide à trouver des solutions et à accéder à ses ressources profondes. Je l’exerce de deux manières. Dans la semaine, j’ai des plages réservées à des séances d’hypnose.

Au quotidien, j’exerce l’hypnose de manière informelle, dans le cadre de mon travail en tant qu’infirmière de consultation, lorsque j’assiste les médecins les lundi et jeudi lors des gestes invasifs, et les autres jours lors des consultations. Par exemple, lors d’un geste invasif (une biopsie du sein ou le retrait d’une chambre implantable), je pratique l’hypnose conversationnelle pour atténuer la douleur et chasser le stress.

En saturant la patiente de paroles, je capte son attention et je lui permets de se détacher de l’instant présent tout en lui expliquant précisément ce qui se passe. Les médecins eux-mêmes sont demandeurs de mes interventions, ainsi, ils peuvent se consacrer entièrement à l’exécution de leurs gestes, l’ambiance est plus sereine.

À qui destinez-vous les séances plus formelles ?

Aux femmes particulièrement angoissées qui semblent avoir besoin de soutien. Soit je les repère moi-même en consultation, soit elles me sont adressées par des collègues du service gynéco ou par un médecin oncologue. Elles peuvent aussi s’inscrire d’elles-mêmes via le secrétariat du service. L’hypnose est proposée pour la préparation à l’accouchement, en cas de douleur, en cas d’anxiété pré et post-opératoire, en accompagnement des traitements anticancéreux. Il s’agit de les aider à accepter les traitements qui, alors, seront mieux supportés.

Concrètement, comment se déroule une séance ?

En premier lieu, l’objectif est défini : diminuer les nausées provoquées par la chimiothérapie, atténuer les douleurs provoquées par un lymphœdème, etc. Je demande à la patiente installée confortablement de fixer un point ou une image dans la pièce, je lui propose de fermer les yeux si elle le souhaite puis je l’encourage à observer sa respiration. J’induis une détente dans son corps comme un sachet de thé qui se diffuse dans l’eau. Pendant la séance, je guide la patiente vers des souvenirs plus ou moins enfouis : une épreuve difficile qu’elle a surmontée, le premier jour où elle a marché enfant, un exploit sportif… Ces moments de dépassement seront source d’énergie pour supporter le traitement lourd ou la douleur qu’elle vit actuellement. J’adapte bien sûr les séances aux besoins de chaque personne. En cas de radiothérapie par exemple, je peux proposer de choisir - de façon fictive - quelque chose à poser sur le sein pour le protéger. Certaines femmes choisissent une peinture colorée, une plaque de béton, d’autres un tapis de pétales de roses.

L’hypnose est aussi un recours pour accompagner la réinsertion sociale après la maladie.

La femme est souvent perdue quand les traitements se terminent, c’est pourquoi je consacre une séance à l’ancrage. Je lui demande de choisir un lieu, une image qu’elle affectionne. Je lui propose un geste, tel que serrer le poing, pour faire apparaître ce lieu. Ce même geste, réalisé seule chez elle, lui permettra de pratiquer l’auto-hypnose.