On ne pouvait mieux faire pour provoquer l’ire dans le monde infirmier. Des syndicats à l’Ordre national infirmier, tous sont vent debout contre la création surprise d’une nouvelle fonction : assistant médical(1). Une annonce qui claque comme un affront, on peut le comprendre. Après avoir attendu une décennie la mise en place des IPA(2), symbole de la montée en compétence des infirmières, le gouvernement sort de son chapeau, ou plutôt de celui des médecins, un métier hybride, où les professionnels se verront confier des travaux administratifs et « des tâches très simples, ne nécessitant pas d’avoir une connaissance médicale », selon le Dr Jean-Paul Ortiz, président de la CSMF(3). Et devinez qui pourrait postuler ? Les infirmières, entre autres… L’idée a bel et bien circulé en haut lieu. Étrange proposition que cette version low cost de l’exercice infirmier qui ne va pas vraiment dans le sens de l’histoire. Problème de communication ? Annonce prématurée ? Lobbying ? Les contours de cette nouvelle fonction - 3e des 10 mesures phares ! - restent à définir, notamment au plan réglementaire. L’idée en soi n’est peut-être pas à jeter aux orties d’emblée (l’aide accordée n’est pas sans contreparties) mais elle est très mal amenée. Ne nous focalisons pas sur ce seul point de la réforme, qui laisse par ailleurs un sentiment d’inachevé, avec la suppression seulement partielle de la tarification à l’acte (T2A) et un financement qui ne semble pas à la hauteur des défis. Dommage car la réforme traduit la volonté de répondre aux grandes problématiques de santé que sont la qualité des soins, les déserts médicaux, la prise en charge des maladies chroniques… Et en attendant que les effets des mesures annoncées se fassent sentir, comment les soignants au bout du rouleau vont-ils encore pouvoir tenir ?
1 - À lire sur Espace infirmier : bit.ly/2OInuYu
2 - Infirmière en pratique avancée.
3 - Confédération des syndicats médicaux français.