" Dans le privé, vous avez tout de suite un CDI. Les choses sont claires dès le départ. Vous connaissez les conditions salariales et les modalités du contrat de travail. Vous avez toutes les cartes en main. »
Le parcours de Carole Dumont est loin d’être linéaire ! Diplômée en juin 1985, la jeune infirmière commence sa carrière dans le secteur privé, à la polyclinique d’Orgemont, à Argenteuil (95). Cette première expérience, qui dure un an et demi, la plonge “dans le bain”. À l’époque, le secteur privé rime souvent avec rentabilité. « Le rythme était très intense, les chambres étaient surchargées au-delà de leur capacité, ce qui ne se fait plus aujourd’hui. Néanmoins, nous assurions la qualité des soins », observe-t-elle. En 1987, elle part pour Perpignan (66), où se trouve sa famille. Elle opte alors pour le libéral et crée son cabinet. « Je soignais des patients en ville et en Ehpad. Mais je voulais travailler en Suisse, le pays était réputé pour offrir de bonnes conditions de travail et des salaires avantageux. J’ai fini par réaliser mon projet en 1990. Je suis restée un an dans un hôpital à Aigle, spécialisé en chirurgie orthopédique, en chirurgie viscérale et dans les soins aux grands brûlés », relate Carole Dumont.
→ Les incertitudes du public. De retour en France, l’IDE effectue des missions d’intérim avant de rejoindre un établissement privé : l’hôpital européen de la Roseraie, à Aubervilliers (93), en chirurgie cardiaque, un service qui assurait 850 interventions sous CEC(1) par an. Quatre ans après, elle retourne à Perpignan, cette fois au CH. Son exercice dans le public est de courte durée : à peine un an. « Je n’avais que des contrats de trois mois. On m’avait fait miroiter une stagiairisation lors de mon embauche, mais j’ai vite compris que cela ne serait pas le cas. Des collègues, qui étaient là depuis quatre ou cinq ans, attendaient toujours leur stagiairisation, raconte Carole Dumont. Durant cette période, je me suis sentie très fragilisée. Cela me posait aussi des problèmes pour acheter un logement. Dans le privé, vous avez tout de suite un CDI. Les choses sont claires dès le départ. Vous connaissez les conditions salariales et les modalités du contrat de travail. Après, vous acceptez ou pas, mais vous avez toutes les cartes en main. »
→ Beaucoup moins d’administratif. Carole Dumont choisit alors de quitter l’hôpital public et redevient libérale durant plus de dix-sept ans. Durant cette période, elle est aussi formatrice à l’Institut Clavis, à Montpellier, qui organise des sessions pour les Idel. Puis elle valide un master 2 en sciences de l’éducation Responsable d’évaluation, de formation et d’encadrement du personnel soignant. Elle intègre ensuite un lycée privé pour enseigner en classe préparatoire au concours infirmier. Après plus de deux ans d’enseignement, Carole Dumont trouve un poste de cadre de santé dans un Ehpad public en Auvergne et travaille deux ans dans la fonction publique territoriale. Mais son CDD n’est pas renouvelé pour des raisons budgétaires.
Aujourd’hui, elle est en recherche d’emploi. Dans le privé. « Le secteur privé présente des avantages : des CDI, des perspectives de promotion, de la réactivité. Par exemple, dans le privé, je me suis rendu compte que les patients opérés du cœur avaient un plateau repas le soir après leur opération. Or, ce n’est pas l’idéal. J’ai été voir le chef de service et je lui ai proposé de revoir ce point. Il a été d’accord et j’ai pu rapidement élaborer un protocole de réalimentation sur trois jours, afin de soulager le travail du cœur, tout juste opéré, pendant la digestion. Dans le public, c’est quasiment impossible », souligne l’IDE.
Elle reconnaît que le travail est dense dans le secteur privé, mais l’aspect administratif est beaucoup moins lourd que dans le public. « Je pense que travailler dans l’un ou l’autre secteur doit correspondre à ses aspirations. Si vous souhaitez vous spécialiser et vous former, c’est plus facile dans le public. Mais si vous voulez évoluer vers des postes de cadre, le privé vous offre plus de possibilités rapidement », conclut-elle.
1- Circulation extra-corporelle.
1985 : Obtient son diplôme d’IDE et travaille à la polyclinique d’Orgemont, à Argenteuil (95).
1987 : cabinet libéral à Perpignan.
1990 : IDE à Aigle (Suisse).
1991 : IDE à l’hôpital européen de la Roseraie (93).
1995 : IDE au CH de Perpignan.
1995-2012 : Idel à Perpignan.
2009-2011 : master 2 Responsable d’évaluation, de formation et d’encadrement, à l’université d’Aix-Marseille.
2014-2016 : cadre de santé en Ehpad, à Aurillac (15).