L'infirmière Magazine n° 398 du 01/11/2018

 

INFIRMIÈRES PUÉRICULTRICES

ACTUALITÉS

FOCUS

LAURE MARTIN  

L’ANPDE(1) a publié, le 3 octobre, un livre blanc de 92 propositions pour faire évoluer la spécialité et garantir la santé des enfants. Le point avec Charles Eury, son président.

Pourquoi ce livre blanc ?

En début d’année, nous avons lancé une enquête pour dresser un état des lieux de la pratique car les IPDE(2) exercent dans des secteurs variés et nous avions peu d’informations sur la qualité de vie et le bien-être au travail. Nous avons obtenu près de 2 700 réponses sur 20 700 IPDE. L’échantillon est représentatif, d’autant plus que des infirmières de tous les secteurs d’activité ont répondu. Nous avons alors souhaité aller plus loin en nous servant des problématiques et suggestions des répondants pour proposer des évolutions pour la profession.

Quel constat en ressort ?

La profession veut avant tout une valorisation des compétences sur le terrain. Car, aujourd’hui, les IPDE sont trop peu reconnues, ou alors de manière informelle, au niveau local, en fonction du lieu d’exercice.

Par ailleurs, les répondants ont fait état d’une dégradation de leur qualité de vie au travail. Elles sont satisfaites d’exercer leur métier mais elles n’ont pas suffisamment de moyens. En secteur hospitalier, le problème financier est réel. Dans les services de néonatalogie, il y a aussi bien des infirmières puéricultrices que des infirmières non spécialisées pour s’occuper des enfants. Ce n’est pas possible. Nous ne revendiquons pas forcément des actes exclusifs mais nous voulons faire en sorte que nos compétences soient valorisées.

De quelle manière ?

En secteur hospitalier par exemple, nous voudrions que les enfants de moins de 6 ans soient exclusivement pris en charge par des IPDE car elles ont reçu une formation spécifique. Les enfants de moins de 6 ans ont des besoins trop particuliers pour être pris en charge par des professionnels n’ayant pas reçu une formation initiale solide. Dans les protections maternelles et infantiles (PMI), chaque conseil départemental possède son propre fonctionnement, c’est un problème. Par exemple, dans certains d’entre eux, l’IPDE peut mettre en place des consultations de puériculture, de manière autonome, tandis que dans d’autres, elle ne peut travailler qu’en présence du médecin. Nous voudrions une harmonisation des pratiques et des compétences.

Autre exemple concernant les modes d’accueil des jeunes enfants : la loi dispose que les médecins référents doivent faire un certificat de vie en collectivité pour les enfants de moins de quatre mois. Mais souvent, ils ne sont pas disponibles. Nous proposons qu’en complément des médecins référents, les IPDE puissent effectuer ces certificats afin de fluidifier le parcours de l’enfant.

Quelle est votre position sur la pratique avancée ?

Il s’agit d’une bonne avancée pour la profession. Mais la limite est que l’infirmière ne puisse pas être en première ligne. Il va aussi falloir s’interroger sur l’articulation des pratiques avancées avec les spécialités. Nous pouvons nous intégrer dans les pratiques avancées. En PMI, nous pourrions avoir des activités plus poussées sur le suivi de la famille par exemple, ou l’éducation thérapeutique avec la possibilité de prescription. Mais cela ne pourra pas se faire tant que la réingénierie de la profession n’aura pas été actée. C’est tout l’enjeu.

1- Association nationale des puéricultrices diplômées et des étudiants.

2- Infirmières puéricultrices diplômées d’État.

LIVRE BLANC

Des propositions ciblées

→ IPDE en milieu scolaire : pouvoir réaliser les bilans de santé à l’école maternelle et orienter l’enfant ; une consultation obligatoire par l’IPDE pour chaque situation préoccupante (maltraitance, négligence, violence familiale…), notamment chez les enfants de moins de 6 ans ; coordonner l’inclusion de l’enfant en situation de handicap ou de maladie chronique, notamment chez les moins de 6 ans.

→ IPDE dans le cadre de la protection de l’enfance : présence d’IPDE dans les services en charge de la protection de l’enfance ; des consultations IPDE obligatoires dans le cadre des mesures judiciaires de placement des mineurs auprès des familles d’accueil ou de tout tiers de confiance ; s’assurer de l’avis d’une IPDE dans l’évaluation des candidatures d’agrément d’assistants familiaux et l’intégrer obligatoirement dans la formation et le suivi des assistants familiaux.

→ IPDE libérales : une nomenclature spécifique aux soins et à la prise en charge en libéral ; la prescription de solutions de réhydratation orale, de dispositifs d’allaitement ; la consultation en pratique avancée.

Pour consulter le livre blanc : bit.ly/2pOew0Y