L'infirmière Magazine n° 398 du 01/11/2018

 

RECRUTEMENT

DOSSIER

L’IDE, polyvalente, a tous les atouts pour être recrutée parmi les soignants humanitaires des ONG. Son expérience et sa capacité d’adaptation seront les clés de son embauche.

L’ère des héros romantiques de l’humanitaire est révolue. La bonne volonté ne suffit pas lorsqu’il s’agit de coordonner un programme d’urgence ou de pérenniser des projets souvent complexes avec les communautés locales. » La page réservée au recrutement pour les missions internationales de la Croix-Rouge française est claire : le secteur ne laisse pas de place aux dilettantes.

Mais, avant de se lancer dans l’humanitaire, encore faut-il savoir ce que l’on cherche. Une mission courte et bénévole durant une pause dans la carrière ? S’investir dans un projet professionnel durable ? Les deux voies existent sur le terrain, à l’étranger ou en France. Les missions de volontariat sont une bonne porte d’entrée dans le secteur et un moyen de tester ses capacités d’adaptation et de gestion du stress. Dans ce cadre, l’achat du billet et les frais de visa peuvent rester à la charge du bénévole et son propre matériel de soin est parfois utile (1). Un défraiement est parfois versé.

Si l’on veut aller plus loin et postuler pour une mission salariée, un minimum d’expérience professionnelle est requis : deux ans chez Médecins sans frontières (MSF), ou trois ans à la Croix-Rouge française, qui exige en plus une expérience de terrain. Des profils particuliers peuvent être demandés, comme à MSF : « Nous recherchons des IDE en oncologie ou en soins palliatifs. Des domaines comme la gestion de l’hygiène et le contrôle des infections sont aussi à couvrir. Le profil généraliste des infirmières aide énormément, notamment dans les positions de coordination », détaille Isabelle Mouniaman, responsable des programmes. Une fonction à laquelle on accède après plusieurs années d’expérience. À la Croix-Rouge, « nous engageons des coordinateurs de santé qui sont le “go-between” sur le terrain, qui alertent et veillent. Ils ont une formation d’infirmier, de médecin ou d’épidémiologiste », explique Frédéric Joli, porte-parole.

Des compétences personnelles

Au-delà des compétences “métier”, il faudra miser sur sa maturité, sa motivation et l’esprit d’équipe, des armes nécessaires au bon déroulement d’une mission, qu’il s’agisse d’une situation d’urgence ou de programmes au long cours. En outre, pour les postes proposés par l’ensemble des organisations, la connaissance d’une ou plusieurs langues étrangères est un atout. L’arabe et l’anglais peuvent même être incontournables pour pouvoir communiquer sans intermédiaire avec les patients et au sein des équipes pluridisciplinaires souvent - voire tout le temps - internationales.

Certaines organisations, pour former leurs futurs soignants, organisent un stage d’intégration obligatoire, avant le premier départ en mission. C’est notamment le cas de la Croix-Rouge, qui recherche actuellement du personnel médical et paramédical. Son personnel est engagé sous contrat de droit privé suisse pour les fonctions d’encadrement, généralement renouvelable tous les quatre ans. Sachant que les durées des vacations dépendent d’une organisation à l’autre, pouvant aller de quelques semaines à plusieurs années.

1- Pour les autres missions, la rémunération est variable, allant de la simple indemnité à un salaire de niveau cadre.

TÉMOIGNAGE

« C’est gratifiant de se sentir utile »

CAROLINE ANTOINE RESPONSABLE DES SOINS DE SANTÉ CHEZ ACTION CONTRE LA FAIM

« J’ai toujours voulu travailler dans la solidarité. J’ai fait la formation à l’Ifsi pour ça. Je me trouvais chanceuse d’être née femme en France : je peux choisir mon métier et la personne avec qui je vis. Je fais partie d’une infime proportion de femmes sur Terre. Je pense que je remplis aujourd’hui un engagement politique, entendu non dans le sens de la carrière mais comme une vision de la société, du vivre-ensemble. J’ai choisi Action contre la faim pour sa liberté d’action. On y travaille avec des fonds propres, non institutionnels, pas comme d’autres organisations qui ont des obligations envers les bailleurs de fonds.

L’humanitaire a changé et cela me plaît. Auparavant, c’était souvent l’homme blanc qui agissait, avec une vision coloniale de l’aide. Je n’aurais pas pu adhérer à cela. Aujourd’hui, les compétences sont de plus en plus locales. Quant à savoir si l’humanitaire relève de l’altruisme, je n’ai pas d’avis. On est si happé par le quotidien… prendre du recul est difficile. Mais c’est sûr qu’il y a quelque chose de gratifiant dans l’action et le sentiment d’être utile. »