L’Ordre national infirmier (ONI) a organisé une matinale sur le rôle des IDE et la e-santé, avec tous les acteurs institutionnels. Entre théorie et pratique, le fossé est apparu béant.
Le dossier médical personnel (DMP) renaît de ses cendres, la télémédecine doit voler au secours des déserts médicaux, l’hôpital mieux communiquer avec la ville… Et où en sont les IDE ? C’était l’objet d’une matinale organisée à Paris, mardi 4 décembre, par l’ONI et dédiée au rôle de la profession dans la e-santé.
À l’image du DMP, la réalité est apparue assez éloignée des discours. « Quatre cents établissements alimentent le DMP, reconnaît Yvon Merlière, directeur de la mission DMP à la Cnam(1). Nous n’avons pas encore amené les 3 000 établissements mais on avance. Et on travaille avec les agences régionales de santé pour que les comptes-rendus hospitaliers soient systématiquement intégrés au DMP. » Ce qui a fait réagir un infirmier dans la salle : « Mais dans les DMP, il n’y a jamais de volet médical de synthèse ! »
Côté patients, le président de France Assos santé, Alain-Michel Ceretti, a lui aussi rapporté des pratiques éloignées de la réalité : « J’ai dû envoyer des résultats d’examens à mon médecin par ma messagerie. Dans mon esprit de patient, c’est un peu étonnant. » Le représentant des patients a également invité les professionnels de santé à ne pas faire du DMP un « casier médical partagé. Je ne veux pas forcément que mon beau-frère médecin ait accès à mon dossier. Les professionnels de santé ont parfois du mal à le comprendre mais le patient est le patron du DMP, c’est à lui d’autoriser les professionnels à y accéder. »
De son côté, le président de l’ONI, Patrick Chamboredon, a rappelé que les Idel ont un rôle crucial à jouer dans l’ouverture des DMP, « en particulier pour les malades chroniques. Il y a une marge de progression importante. Mais le préalable, c’est que nos logiciels métier soient interopérables avec le DMP, qu’ils aient un bouton “envoi au DMP” du bilan de soins infirmiers. Les professionnels, aujourd’hui, utilisent les SMS ou Whatsapp. Il faut passer au respect de la réglementation. »
Thomas Dautieu, le directeur adjoint de la conformité de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil), a rappelé que tout détenteur de données personnelles devait se conformer, depuis mai 2018, au nouveau Règlement général pour la protection des données (RGPD), bien plus exigeant. « Lorsqu’un patient crée un DMP, ou lorsqu’il utilise de la télémédecine, il doit être sûr que ses données ne vont pas finir sur Internet. Une fuite de données ruinera toute confiance », a-t-il mis en garde.
1- Caisse nationale d’assurance maladie.