“Je suis allergique au latex, que faire ?” - L'Infirmière Magazine n° 400 du 01/01/2019 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 400 du 01/01/2019

 

SANTÉ AU TRAVAIL

SUR LE TERRAIN

MON QUOTIDIEN

DR ROLANDE DUBOST*   ANNE-GAËLLE MOULUN**  


*ALLERGOLOGUE AU CENTRE HOSPITALIER LYON-SUD (69)

Quasiment tous les patients allergiques au latex sont dans un milieu où ils sont exposés aux gants en latex », observe le Dr Rolande Dubost, allergologue au centre hospitalier Lyon-Sud (69). Les soignants, notamment les infirmières, sont particulièrement à risque. Pour éviter l’allergie, « le premier traitement, c’est l’éviction. Il faut éliminer tout ce qui est en latex dans l’entourage de la personne allergique », recommande-t-elle. Pour les soignants, il existe des gants non stériles en vinyle ou en nitrile, et des gants stériles en néoprène, qui peuvent remplacer les gants en latex. D’autres équipements médicaux peuvent être en latex : sondes, drains, sparadraps pouvant contenir du latex, garrots, ballonnets. Il faut aussi penser à éliminer le latex dans sa vie personnelle, sachant qu’un grand nombre de produits en contiennent : gants de ménage, de jardinage, ballons de baudruche qu’on gonfle à la bouche, bonnets de bain, préservatifs, masques de plongée (même s’ils sont de plus en plus souvent en silicone), tétines pour les bébés (de plus en plus souvent en silicone également), pneus de vélo, etc. Il est aussi possible de retrouver du latex dans les matelas, les tapis de gym ou sous les moquettes. « Il existe des groupes à risque d’allergie au latex, en particulier les femmes jeunes avec un terrain allergique. Il faut d’autant plus se méfier s’il y a des allergies alimentaires associées : 50 % des personnes ayant une allergie au latex ont une allergie alimentaire, par exemple à la banane, l’avocat, la châtaigne, la figue, etc. », détaille le Dr Dubost. En cas de manifestation cutanée, le traitement repose sur l’administration d’antihistaminiques. S’il y a une rhinite associée, des antihistaminiques peuvent être ajoutés à un traitement dans le nez à base de corticoïdes locaux et, en cas de conjonctivite, un collyre anti-histaminique peut être mis dans les yeux. Enfin, en cas d’asthme, un broncho-dilatateur peut être administré.

Manifestations de l’allergie

→ Les symptômes de l’allergie au latex sont le plus souvent cutanés, avec une urticaire de contact au port des gants de latex, se manifestant par des rougeurs et démangeaisons. Une personne peut également être exposée en respirant des particules de latex en suspension dans l’air, en particulier si les gants sont poudrés.

→ Les manifestations peuvent être respiratoires avec une rhinite allergique se traduisant par des éternuements, des écoulements, des démangeaisons et un nez bouché, si le contact avec le latex se fait par inhalation ou s’il y a contact muqueux.

→ La personne peut aussi souffrir de conjonctivite allergique, se manifestant par une irritation des yeux, des rougeurs et des larmoiements. Les réactions plus graves peuvent comprendre des symptômes d’asthme, par exemple en arrivant dans le bloc, voire des manifestations plus sévères pouvant aller jusqu’au choc anaphylactique grave.

→ En cas de suspicion d’allergie au latex, il ne faut pas hésiter à aller consulter un allergologue qui pourra très facilement diagnostiquer l’allergie par des tests cutanés et biologiques et donner des conseils pour réaliser une bonne éviction du latex dans son environnement.

Les gants, indispensables ou pas ?

→ La Société française d’hygiène hospitalière (SF2H) préconise de porter des gants uniquement en cas de risque d’exposition au sang ou tout autre produit biologique d’origine humaine ; de contact avec une muqueuse ou la peau lésée ; ou encore lors des soins, si les mains du soignant comportent des lésions cutanées. « Les gants non stériles à usage unique se portent systématiquement lorsqu’il y a un risque de contact avec un liquide biologique ou chimique (utilisation de détergent ou désinfectant pour les surfaces), lorsqu’un patient est porteur de Clostridium difficile ou de gale. Pour le reste, ce qui protège le soignant ou les patients c’est l’utilisation d’une solution hydro-alcoolique », indique Anne Debonne, infirmière hygiéniste au centre hospitalier d’Argenteuil (95). La SF2H préconise de mettre les gants juste avant le geste et de les retirer et jeter immédiatement après la fin du geste.

LES BONNES PRATIQUES

→ Consulter un allergologue pour confirmer le diagnostic d’allergie au latex et obtenir des conseils pour une bonne éviction du latex dans l’environnement.

→ Ne porter des gants que lorsque c’est nécessaire.

→ Privilégier des gants non stériles en vinyle ou en nitrile, et des gants stériles en néoprène.

→ Dans le milieu professionnel, éviter le contact avec du matériel médical contenant du latex. Dans la vie personnelle, éliminer les produits contenant du latex.

→ Avoir une carte d’allergie au latex (remise par l’allergologue) et informer tout personnel médical (chirurgien, dentiste, anesthésiste, radiologue, gynécologue…) et paramédical de cette allergie.

→ En cas de soins dentaires, d’acte radiologique, de chirurgie, d’examen gynécologique…, il faudra s’assurer que l’éviction du latex a bien été faite, en particulier au bloc opératoire.