PÉDAGOGIE
SUR LE TERRAIN
MON QUOTIDIEN
NADÈGE CONTEJEAN* LAETITIA QUIQUENPOIS** ANNE-GAËLLE MOULUN***
*Cadre de santé dans un EHPAD public de Lozère, auteur du mémoire « Cadre de génération Y, un défi ? »
**Cadre de santé formateur, responsable de formation aides-soignants à l’IFSI/IFAS de Villeneuve-Saint-Georges (94)
Près de Bordeaux, le centre de réhabilitation psychosociale de la Tour de Gassies a mis en place un atelier d’impression 3 D auquel participent des patients psychotiques, qui créent des objets techniques pour des personnes souffrant d’un handicap physique. Un projet qui permet à chacun de gagner en autonomie.
Le manque de motivation d’un stagiaire peut être lié à différentes causes. « Il faut interroger l’élève pour savoir si son désintérêt est le reflet d’un manque de motivation global par rapport à sa formation ou s’il a des problèmes avec ce qui se passe au niveau du stage », conseille Laetitia Quiquenpois, cadre de santé formateur, responsable de formation aides-soignants à l’Ifsi/Ifas de Villeneuve-Saint-Georges (94). Pour elle, pallier les problématiques de motivation se joue aussi en amont du stage. « Il est bon de connaître ses envies de stage et lui laisser une petite marge de manœuvre dans le choix, afin de limiter les problèmes de motivation. » Si l’élève montre un désintérêt pendant le stage, il faut en chercher la raison. « C’est important de toujours avoir le point de vue du stagiaire, insiste Laetitia Quiquenpois. En général, je commence par prendre l’avis de l’élève seul, car il est difficile pour lui de s’exprimer ouvertement devant un cadre ou un tuteur de stage. Puis, je recueille le point de vue de l’équipe. Ensuite, nous organisons un temps de rencontre pour voir ce qui peut être mis en place pour améliorer les conditions de stage. » Parfois, c’est un problème d’incompatibilité avec une personne, par exemple avec le tuteur, « il peut être utile de changer de tuteur pour remotiver l’élève. Parfois, l’élève peut être complètement démotivé car il ne sent pas le cadre, il ne sait pas ce qu’il doit faire et ne pas faire. Dans ce cas, il faut travailler dessus en structurant, en fixant des objectifs, ce qui permet de redonner un sentiment de sécurité à l’élève et de le remettre dans une dynamique d’apprentissage. Dans des cas très graves mais très rares, si l’étudiant a été témoin de maltraitances par exemple, on peut envisager de le changer de stage, auquel cas il faut le faire suffisamment tôt afin qu’il puisse se réinvestir dans un autre lieu de stage », conclut Laetitia Quiquenpois.
→ Le service de pneumologie au centre hospitalier Lyon-Sud a mis en place un livret de stage personnalisé. Outre le nom des référents et le planning de l’étudiant, il permet chaque semaine de « faire le point sur son évolution et de lister les objectifs pour la semaine suivante », explique Lauren Montange, cadre dans le service. Quand l’étudiant n’est pas très motivé, « je reprends avec lui les objectifs de stage et je l’interroge sur ce qu’il a envie de vivre pendant son stage, explique Stéphanie Kinimo, infirmière et tutrice. Nous essayons de trouver des accroches pour qu’il reprenne goût au stage. Dans notre service, la technicité des soins peut paralyser les étudiants. Dans ce cas, nous revoyons les objectifs à la baisse afin qu’ils puissent quand même valider des compétences. Nous prenons le temps d’adapter l’encadrement à leurs attentes. »
Nés entre 1980 et l’an 2000, les jeunes de la génération Y sont réputés difficiles à manager. Les conseils de Nadège Contejean, cadre de santé dans un Ehpad public de Lozère.
Bien encadrer les jeunes en stage : « Il faut leur donner une place de stagiaire à part entière et ne pas les considérer comme un membre du personnel venant remplacer une absence. » Dans l’Ehpad où elle travaille, Nadège Contejean présente l’établissement aux stagiaires avant leur arrivée. « L’objectif est qu’ils se sentent accueillis, attendus. »
Impliquer dans les choix : « Au bout de trois ou quatre jours de stage, nous organisons une rencontre avec les étudiants et les tuteurs, et nous choisissons avec eux les résidents que les stagiaires vont prendre en charge, afin qu’ils se sentent impliqués. C’est une génération habituée à choisir, mais on leur pose un cadre pour le faire. »
Réaliser un bilan chaque semaine : « Il s’agit de faire le point sur la façon dont la semaine s’est passée et sur ce qu’il faut retravailler. Un bilan est ensuite effectué à mi-stage, pour que l’étudiant s’auto-évalue et que nous fixions ensemble les objectifs pour la fin du stage. »
Stimuler l’intérêt : « Si nous proposons des activités un peu différentes, comme des ateliers mémoire, nous convions les stagiaires à y participer. »
Pour préserver la motivation d’un stagiaire, on peut travailler sur ces quelques points :
→ En amont, impliquer l’élève et tenir compte de ses contraintes personnelles dans le choix du stage.
→ Chercher à comprendre les raisons du désintérêt de l’étudiant et le recevoir seul afin de discuter avec lui des raisons de son manque de motivation.
→ Structurer le stage et fixer des objectifs précis.
→ Responsabiliser en réalisant des bilans réguliers du stage et en fixant de nouveaux objectifs.
→ Stimuler l’intérêt de l’étudiant en lui proposant des activités sortant de l’ordinaire.
→ Tenir compte des incompatibilités de personnes, par exemple en changeant de tuteur.
→ S’il s’agit d’un problème de discipline, il faut rappeler les règles à suivre.