DES SOUTIENS APRÈS LE CHOC - L'Infirmière Magazine n° 401 du 01/02/2019 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 401 du 01/02/2019

 

ATTENTAT DE STRASBOURG

ACTUALITÉS

FOCUS

LISETTE GRIES  

Un guichet unique assure la prise en charge psychologique, mais aussi administrative, des victimes de l’attaque du 11 décembre 2018.

Nous sommes là pour toutes les personnes qui ont besoin d’aide après l’attentat du 11 décembre », explique d’emblée Faouzia Sahraoui, psychologue clinicienne et directrice de l’espace d’information et d’accompagnement (EIA) de Strasbourg. Cette structure publique, qui fonctionne sous l’autorité du procureur de la République et du préfet, est chargée de faciliter le parcours de prise en charge des victimes. Elle prend le relais du dispositif activé quelques heures après l’attaque terroriste.

Crises de panique

En effet, le soir de l’attentat, la Cump (cellule d’urgence médico-psychologique) a vite été mise en place, au sein du périmètre bouclé par la police. Une centaine de personnes s’y sont rendues : blessés, proches, témoins, personnes confinées. Dès le lendemain, la Cump a intégré le centre d’accueil des fa-milles (Caf), qui propose un appui juridique et administratif. Ce centre est resté actif jusqu’au 18 décembre. En parallèle, des équipes mobiles de la Cump ont arpenté les rues de la ville. Au total, ces structures d’urgence ont pris en charge plus d’un millier de personnes.

Mais le besoin d’aide médico-psycho-sociale continue à se faire ressentir, même quand la sidération et la fébrilité des premiers jours retombent. C’est pourquoi l’EIA a ouvert ses portes, le 19 décembre, dans des locaux mis à disposition par la Ville. Cette structure fonctionne sur le principe du guichet unique. Huit psychologues d’associations locales d’aide aux victimes sont mobilisés, dont trois sont présents en permanence. Ils assurent le suivi de personnes en proie à des crises de panique, qui n’osent plus sortir de chez elles ou qui ne supportent plus certains bruits. « Nous orientons ceux qui relèvent d’une prise en charge psychiatrique, notamment en cas de symptôme de stress post-traumatique, vers les consultations ouvertes spécialement à l’hôpital », souligne la psychologue.

Faciliter les démarches

Aux côtés des psychologues, des personnels de Pôle emploi, de la Caisse d’allocations familiales (Caf), de la Caisse primaire d’Assurance maladie (CPAM), du Fonds de garantie, mais aussi des avocats et des associations de victimes, permettent une prise en charge coordonnée et gratuite. « Si une personne n’a pas pu poursuivre sa recherche d’emploi, par exemple, elle peut gérer sa situation sur place avec Pôle emploi et ainsi éviter d’être radiée », détaille Faouzia Sahraoui. D’autres, confinées sur leur lieu de travail, se sont vu prescrire un arrêt maladie : elles peuvent le faire requalifier en accident du travail grâce au bureau de la CPAM. Pour d’autres encore, c’est un accompagnement au dépôt de plainte qui est nécessaire. « L’impact d’un tel événement est si important que les personnes touchées ont besoin d’une attention particulière », résume la directrice. Quelque 350?personnes sont déjà entrées en contact avec l’EIA, dont plus de la moitié se sont déplacées pour un suivi. « Il faut aussi laisser le temps aux victimes de se saisir de cette possibilité. Parfois, elles réagissent à distance de l’événement », remarque Faouzia Sahraoui. Aucune date de fermeture de l’EIA n’est prévue, notamment pour permettre une continuité des prises en charge.