L'infirmière Magazine n° 401 du 01/02/2019

 

MISE EN DÉCHARGE

FORMATION

PRISE EN CHARGE

THIERRY PENNABLE  

Viviane Quiniou, infirmière formée en plaie et cicatrisation et au pied diabétique, exerce en service de diabétologie et à la consultation infirmière dédiée au pied diabétique de la Pitié-Salpêtrière, à Paris. Elle évoque la question de l’observance de la décharge.

Quels sont les obstacles à l’observance de la décharge ?

Quelle que soit la technique de mise en décharge utilisée, le patient est limité dans ses déplacements qui deviennent plus compliqués, ce qui rend l’observance d’une décharge rigoureuse et permanente de la plaie difficile. D’autre part, la neuropathie et la perte de sensibilité qui rendent la plaie indolore favorisent le déni de la situation médicale chez certains patients.

Comment pouvez-vous améliorer l’observance de la décharge ?

Lors de la consultation de soins, l’infirmière consacre un temps à l’éducation du patient et à la mise en décharge de la plaie. Il est rappelé que la décharge est un des principaux traitements du pied diabétique et qu’elle est indispensable à la guérison de la plaie. Que sa non-observance expose aussi à un risque d’aggravation, d’infection potentiellement grave et d’amputation plus ou moins importante du membre atteint. Je prends parfois l’image d’une voiture avec un trou dans un pneu. Si la personne continue à rouler, il va finir sur la jante. Dans le pied diabétique, si le patient continue à marcher, la plaie va atteindre l’os. Il est aussi important de préciser que les inconvénients de la décharge seront temporaires et vont déboucher à court ou moyen terme sur un retour à la vie normale une fois la plaie refermée. Dans certains cas, la durée interminable d’une plaie qui ne cicatrise pas après plusieurs mois ou années finit par motiver le patient pour l’acceptation et l’observance d’une mise en décharge efficace.

Quelles techniques de décharge proposez-vous ?

Plusieurs moyens peuvent être proposés en fonction de la localisation de la plaie, des capacités et des conditions de vie du patient. Nous disposons de plusieurs modèles de chaussures de décharge dont il faut expliquer le bon usage. Notamment qu’il faut considérer ce type de chaussure comme un pansement dont l’utilisation devrait se limiter à des déplacements indispensables, de préférence à l’intérieur du domicile. Il faut aussi expliquer comment marcher avec ces chaussures, en précisant qu’il ne faut pas dérouler le pied comme dans la marche normale, ce qui provoquerait un appui sur la plaie. Il faut donc marcher sans plier le genou, en gardant la jambe raide, et en faisant des petits pas. Une autre technique intermédiaire consiste à proposer des bottes de décharge amovibles faites sur-mesure. Enfin, un plâtre peut être proposé, pour les plaies neuropathiques uniquement, s’il n’y a pas de résultats avec les autres moyens de décharge à cause d’un défaut d’observance alors que la plaie aurait dû guérir. Outre le respect des contre-indications, c’est un dispositif plus lourd à mettre en œuvre. Sa réalisation nécessite l’intervention d’autres professionnels comme les kinés et surtout, même si une fenêtre est ouverte en regard de la plaie, il peut y avoir des pressions sur d’autres zones du pied qu’il n’est pas possible de surveiller.