L'infirmière Magazine n° 401 du 01/02/2019

 

MÉDECINE NUCLÉAIRE

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ISABELLE JARJAILLE  

Le service de médecine nucléaire du CHRU de Brest (29) teste, depuis octobre, le premier tomographe par émission de positons (TEP) numérique, très haute résolution et unique au monde. Le patient gagne en confort et l’équipe médicale en précision du diagnostic.

Caché au fond d’une cour étroite, dans un bâtiment à l’architecture stalinienne d’après-guerre, le service de médecine nucléaire du CHRU de Brest ne paie de mine. Mais il ne faut pas se fier aux apparences ! Avec une équipe jeune et dynamique, il est à la pointe de l’innovation et rayonne mondialement. Ce qui lui vaut, depuis octobre, de tester le premier tomographe par émission de positons (TEP) entièrement numérique et de très haute résolution.

« Le premier TEP est arrivé à Brest en 2003, explique Pierre-Yves Salaün, chef du service. Nous avons ensuite acquis une deuxième machine, et aujourd’hui celle-ci. L’évolution est exceptionnelle. De quarante-cinq minutes en 2003, l’examen est maintenant de six minutes ! » Le service est passé ainsi de 23 examens par jour à 28, toujours sur rendez-vous.

Un meilleur suivi

Une rapidité d’examen, couplée à une très haute résolution d’image qui permet, avec le Biograph Vision - nom commercial de ce TEP produit par Siemens Healthineers - de détecter une sphère jusqu’à 5 mm de diamètre, avec une netteté anatomique très proche de l’IRM. « Nous avons aussi la possibilité de produire une image dynamique de qualité, explique Pierre-Yves Salaün. Cela peut nous permettre de savoir à quelle vitesse la cellule capte tel ou tel produit. Ce qui peut déboucher sur de nouvelles applications cliniques de recherche. »

Ce bijou de technologie est en routine utilisé aux deux tiers en cancérologie et pour un tiers en neurologie et maladies inflammatoires. Les bénéfices pour le patient sont évidents. La nouvelle machine permet un examen plus rapide, une optimisation des produits utilisés, une moindre irradiation du patient, une meilleure quantification des lésions ainsi qu’une information dynamique montrant, grâce au fondu entre plusieurs images, la réaction des cellules au traitement dans la durée.

Les manipulateurs tiennent le rôle infirmier

Au sein du service, une dizaine de médecins en médecine nucléaire travaillent avec six internes et une vingtaine de manipulateurs radio, qui tiennent le rôle de l’infirmière auprès des patients soumis à l’examen.« Ils arrivent à jeun, explique Mickaël Treguer, manipulateur. Nous les prenons en charge et pratiquons la pose du cathéter. Il n’y a qu’en pédiatrie que nous faisons appel à des infirmières pour faire le geste. » Les manipulateurs pratiquent également l’injection du fluorodésoxyglucose (FDG), le produit radioactif qui reflète l’activité moléculaire. Le patient attend ensuite une heure, au repos, le temps que le produit se diffuse correctement dans l’organisme, avant d’être installé sur la table d’examen. Quelques minutes après, il repart avec pour seule consigne de boire beaucoup d’eau dans les prochaines vingt-quatre heures, afin d’évacuer le produit le plus vite possible.

Si l’innovation est un axe sur lequel le CHRU de Brest mise fortement, avec un investissement de trois millions d’euros pour l’installation du Biograph Vision, cela n’est pas sans aléas, bien évidemment, et c’est aussi parce que l’équipe brestoise est particulièrement motivée.

Tester une nouvelle technologie, cela signifie également des difficultés, auxquelles il faut faire face tout en tenant notre routine d’examen. Ce n’est pas toujours évident, reconnaît le chef de service. Mais ici, tout le monde joue le jeu ! » Les problèmes techniques peuvent, par exemple, entraîner des annulations de rendez-vous à la dernière minute.

De son côté, Siemens envisage d’installer en France, dans les prochaines années, une centaine de machines dans des établissements qui ont « des pratiques médicales avancées ». Aujourd’hui environ 175 équipements TEP, ancienne génération, sont installés en France.

À SAVOIR

→ La médecine nucléaire comprend l’ensemble des applications médicales de la radioactivité en médecine. Des médicaments radiopharmaceutiques sont administrés au patient et une molécule “vectrice” va être attirée vers un organe cible ou tracer une fonction de l’organisme. Cette méthode est très sensible. On parle cependant de plus en plus d’imagerie moléculaire plutôt que de médecine nucléaire. « Nucléaire peut avoir un effet anxiogène chez le patient, explique Pierre-Yves Salaün, chef du service à Brest. Mais une fois émis, les rayonnements sont exactement les mêmes qu’en radiologie. »