Souvenez-vous, il y a un peu plus d’un an, nous consacrions un dossier au sexisme à l’hôpital. Dossier qui a remporté un trophée lors du Prix éditorial organisé par le Speps(1), dont le jury, composé de professionnels de santé, est essentiellement masculin.
Nous nous étions réjouies de ce choix qui représente le signe d’une certaine reconnaissance - s’il fallait encore douter - de la réalité de ce fléau qui ronge l’hôpital, et permettait d’apporter un peu de visibilité au sujet. Nous avions consacré une large place aux témoignages, qui se sont imposés comme le moyen de faire comprendre comment la perversité est entretenue dans ce milieu en vase clos qu’est l’hôpital. Près d’un an plus tard, Cécile Andrzejewski, journaliste, publie à son tour sur ce fléau, dans un livre intitulé Silence sous la blouse blanche et bâti sur une dizaine de témoignages. Son ouvrage fait totalement écho au constat que nous livrions dans nos pages (et l’on y retrouve d’ailleurs l’une des infirmières dont nous avions recueilli la parole) : la difficulté pour les victimes à alerter sur les agressions qu’elles ont subies et l’impunité dont bénéficient leurs agresseurs généralement couverts par leurs confrères ou leur hiérarchie, l’humour carabin qui règne dans les services, la culture encore très ancrée de la toute-puissance des médecins…
Même constat donc, et même conclusion sur la nécessité, au-delà des témoignages, de mener une véritable étude qui permettrait d’objectiver et d’identifier les causes en profondeur. Un levier essentiel une fois la parole libérée pour que cela change. En attendant, souhaitons à ce nouveau livre de témoignage de remporter le succès médiatique que le sujet mérite.
1 - Syndicat de la presse et de l’édition des professions de santé (Speps). Le prix du meilleur article sur la vie professionnelle rédigé par un journaliste a été décerné à Caroline Coq-Chodorge pour son article « Violences sexuelles. Prises au piège à l’hôpital », paru dans le numéro de décembre 2017.