Manifestations, grève et « sitting » se succèdent depuis début janvier pour réclamer, entre autres, la création d’un ordre et plus de sécurité juridique.
C’ est un mouvement de colère nourri durant deux ans qui a poussé les soignants marocains à la grève, les 5 et 6 février, avec des manifestations dans tout le pays et un sitting devant le ministère de la Santé, à Rabat.
« Nous sommes dans la rue parce que nous n’arrivons pas à nous faire entendre du ministre », explique Hamid Massou, membre du Conseil national du mouvement des infirmiers et techniciens de santé au Maroc, qui a exprimé six revendications. En premier lieu, une revalorisation de la prime de risque des IDE, plafonnée à 1 400 dirhams (130 €) par mois. « Il y a une inégalité flagrante avec d’autres professionnels de santé alors que les infirmiers sont les plus proches des malades », justifie Hamid Massou. Deuxième revendication : la création d’un Ordre national des infirmiers et techniciens de santé, pour donner une représentativité à ces professionnels en manque de reconnaissance.
Les protestataires réclament aussi davantage de postes. Il y a actuellement 32 000 infirmiers, soit 9,2 pour 10 000 habitants. « C’est largement insuffisant pour une offre de soins convenable, estime Hamid Massou. Selon l’OMS, le Maroc a besoin d’au moins 10 000 infirmiers supplémentaires, notamment en kinésithérapie ou maternité, alors qu’il y a plus 2 500 sages-femmes au chômage. » Mais le point le plus crucial de ce mouvement concerne sans doute l’exigence de « textes pour encadrer la profession, notamment des référentiels d’emplois et de compétences permettant d’en finir avec l’insécurité juridique ». En décembre, l’inculpation de deux infirmières pour homicide par négligence après le décès d’un nourrisson dans une maternité de Rabat avait mis à jour cette précarité juridique. Les professionnels demandent par ailleurs des efforts en matière de formation continue et l’annulation d’un décret créant depuis novembre une discrimination (de rémunération et d’évolution de carrière) entre les différentes formations au diplôme d’État.
Face à l’absence de réponse concrète du ministère de la Santé, Hamid Massou rappelle que « certaines revendications ne nécessitent pas d’argent, c’est une question de volonté politique ».