L'infirmière Magazine n° 403 du 01/04/2019

 

DISPOSITIFS INVASIFS

ACTUALITÉS

COLLOQUES

CAROLINE COQ-CHODORGE  

La mission Spiadi a débuté la surveillance des infections associées aux dispositifs invasifs. Limitée aux établissements sanitaires et médicosociaux, elle vise désormais le domicile.

Un dispositif de prévention plus ambitieux, facile à suivre pour les établissements de santé, tout en restant efficace, et qui vise, à terme, à franchir les murs de l’hôpital. Voici les objectifs fixés à la nouvelle campagne de surveil-lance et de prévention des infections associées aux dispositifs invasifs (Spiadi). La nouvelle mission a débuté en janvier 2019, avec 776 établissements inscrits. « Ce sont presque tous les CHU, 60 % des établissements publics et 40 % de privés », se félicite Nathalie Van der Mee-Marquet, médecin hygiéniste responsable de la mission, qui pilote une équipe basée au CHU de Tours. L’enjeu est d’importance : « Les infections liées aux dispositifs invasifs représentent 15 à 20 % des infections liées aux soins, explique le Dr Van der Mee-Marquet. Elles peuvent être très graves, en particulier lorsqu’elles sont bactériennes. Et elles sont souvent évitables. »

La surveillance se limitait auparavant à certains services : réanimation, maternité, néo-natologie, dialyse. Mais l’usage des dispositifs invasifs s’est répandu, en particulier avec le développement de la chirurgie ambulatoire. « Les patients sortent plus tôt de l’hôpital, ont des soins à domicile qui comprennent des chambres implantables, des cathéters veineux centraux », poursuit la responsable.

Un critère de certification

La stratégie d’action de Spiadi est pensée en trois temps : formation des professionnels à l’utilisation des dispositifs, surveillance des infections, évaluation des pratiques. En termes de formation, « l’attente des soignants est grande, assure Agnès Petiteau, IDE coordonnatrice de la mission. Les infirmières sont confrontées à des dispositifs de plus en plus complexes, qui sont utilisés sur des durées de plus en plus longues. »

Sur le volet surveillance subsiste un frein : « Les signalements des évènements indésirables graves (EIG) restent compliqués, rapporte Nathalie Van der Mee-Marquet. Les soignants doivent comprendre qu’il n’y a rien de punitif dans la démarche. Les causes des EIG sont souvent multifactorielles. Il faut de la bienveillance dans les équipes pour pouvoir les analyser correctement et faire évaluer et évoluer les pratiques. »

Si la participation des établissements au Spiadi reste volontaire, l’incitation est en réalité forte, car c’est un critère de certification par la Haute Autorité de santé (HAS). Mais là encore, la démarche est bienveillante, insiste la médecin hygiéniste : « Peu importe les résultats, pour la certification, l’important est de participer. Les études prouvent que c’est la seule manière d’améliorer les processus. »

Dans un hôpital sous tension, comment rendre cette indispensable surveillance supportable pour les équipes ? La mission Spiadi a opté pour une période de surveillance limitée à trois mois dans l’année, entre janvier et avril. « Les études prouvent qu’il faut faire un petit nombre de mesures précises, compter les infections, analyser leurs causes », explique Nathalie Van der Mee-Marquet. Les résultats de cette surveillance rapprochée seront dévoilés dès octobre. « Chaque établissement recevra un rapport, succinct, avec des messages clés, qui le situe par rapport aux établissements similaires », poursuit la cheffe de la mission. Le 15 octobre 2019 se tiendra une journée annuelle, qui dévoilera les résultats au niveau national. Les données seront valorisées dans des travaux scientifiques.

La mission Spiadi s’est donné un autre objectif, très ambitieux : atteindre le domicile, car les infections liées aux dispositifs invasifs y sont de plus en plus nombreuses. Nathalie Van der Mee-Marquet résume son challenge : « Rien que dans le centre, nous avons 110 établissements de santé, 450 Ehpad… et 20 000 libéraux ! »

PRÉVENTION

Le Propias, un vaste programme

La mission Spiadi est un des volets du Programme national d’actions de prévention des infections associées aux soins, qui comprend aussi la lutte contre l’antibiorésistance. Le Propias est un programme de prévention centré sur le patient, tout au long de son parcours de santé. Il doit s’appliquer en établissements de santé, mais aussi dans les établissements médico-sociaux, et jusqu’au domicile, qui est devenu un « enjeu majeur ». Le Propias est animé localement par les centres d’appui pour la prévention des infections associées aux soins (Cpias), installés dans les CHU. Les Cpias sont des centres de ressources pour les professionnels de santé, qu’ils exercent en établissement ou en ville.

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