Les neuf députés infirmiers et infirmières entendent bien peser de tout leur poids dans le projet de loi sur « l’organisation et la transformation du système de santé ».
Il n’y avait jamais eu autant d’Idel, d’IDE et de cadre de santé siégeant au Palais Bourbon : neuf au total, appartenant tous à la majorité présidentielle. Et le projet de loi Santé, dont l’examen a commencé en mars à l’Assemblée nationale, a plongé ces nouveaux venus dans le grand bain de la politique.
Une semaine avant les premiers débats en séance, les députés infirmiers se sont réunis pour accorder leurs violons et réfléchir ensemble aux amendements qu’ils souhaitaient défendre. « Assez tôt, nous avons voulu nous retrouver et nous avons d’ailleurs demandé la création d’un groupe d’étude sur les professions paramédicales à l’Assemblée nationale, raconte Anissa Khedher, députée du Rhône et cadre infirmier aux urgences psychiatriques. C’est la première fois qu’autant d’infirmiers y sont présents, c’est une chance pour nos collègues que nous puissions porter la profession. C’est aussi une bonne chose que nous puissions apporter notre expertise et un regard plus précis en lien avec notre expérience à nos pairs non infirmiers, par exemple dans le cadre de la réforme santé. Nous l’avons également fait lors d’un dîner avec Agnès Buzyn. »
Pas question donc de constituer un lobby infirmier corporatiste à l’image du lobby médical qui avait prospéré pendant des décennies au Parlement.
« Ce serait totalement contre-productif de nous comporter en super lobbyistes, estime Sereine Mauborgne, députée du Var et Idel. En revanche, nous voulons porter les spécificités de notre métier pour peser dans ce projet de loi dont le principal objectif est d’augmenter le temps médical pour les patients. »
Ainsi, tous les amendements déposés par un député infirmier ont été co-signés par tous les autres. En amont, ces parlementaires s’étaient partagé le travail pour auditionner l’Ordre national des infirmiers (ONI) et les représentants syndicaux de la profession notamment. Près d’une trentaine d’amendements ont ainsi été déposés : possibilité pour une Idel de rédiger un acte de décès à domicile, prescription du sérum physiologique et des antiseptiques, reconnaissance de la consultation infirmière pour les titulaires du DU plaies et cicatrisations, extension de la prescription et de la réalisation de l’acte de vaccination, recertification des IDE…
« Certains amendements sont des amendements d’appel qui servent surtout à lancer des débats », reconnaît Sereine Mauborgne. Dans tous les cas, on aura sans doute rarement autant parlé du métier d’infirmière à l’Assemblée nationale.