La chaire de recherche en sciences infirmières de Paris-XIII a lancé, le 25 mars, une étude pour faire évoluer le rôle des IDE d’Ehpad et tendre vers une juste prescription d’antibiotiques.
En Ehpad, c’est l’infirmière qui alerte les médecins de ville en cas de suspicion d’infection chez les résidents. « Lorsqu’elle soupçonne une infection et en informe le médecin, ce dernier peut alors aussi la pressentir, souligne Monique Rothan-Tondeur, titulaire de la chaire de recherche en sciences infirmières de Paris-XIII. L’IDE joue un rôle dans la prescription d’antibiotiques, et donc dans les stratégies de réduction de leur consommation et de lutte contre l’antibiorésistance. » Avec cette recherche, d’environ un an, « nous évaluerons l’intervention de l’IDE sur la juste prescription des antibiotiques à l’Ehpad, en vue d’améliorer la discussion médicale entre elle et le médecin », explique le Dr Mathieu Ahouah, doctorant au sein de la chaire de recherche. Cette étude, qui s’appuiera sur la place de l’IDE dans la prise en soins des résidents lors d’une infection urinaire, se déroulera dans 40 Ehpad (vingt en groupe témoin et vingt affectés à l’intervention).
« Notre objectif est de donner aux infirmières un maximum de ressources et de connaissances en matière d’antibiotiques », complète le médecin. En moyenne, trois IDE par Ehpad vont bénéficier d’une formation en blended learning, qui associe présentiel et e-learning, via un site internet dédié avec des outils de formation habituels, des évaluations, des quiz. « Nous souhaiterions qu’elles soient ressources mais aussi relais auprès des patients, de leurs aidants et des aides-soignants », ajoute le Dr Mathieu Ahouah. Les universitaires prévoient de mettre à disposition des IDE un chemin d’orientation expliquant, étape par étape, ce qu’elles doivent faire afin de soutenir leur jugement clinique.
Cette étude s’inscrit dans une démarche plus globale. L’Observatoire du risque infectieux en gériatrie et la chaire de recherche ont mené plusieurs travaux sur le risque infectieux chez les personnes âgées ces dernières années. C’est après avoir constaté le rôle de l’IDE dans la prescription d’antibiotiques que des études ont été lancées afin de questionner la place de l’IDE dans la diminution de l’antibiothérapie et la juste prescription, et sur celle des résidents et des aidants, poussant parfois à la prescription.
Cinq études, menées entre 2016 et 2018, ont permis de conclure que les IDE, grâce à leur proximité avec les résidents, ont un rôle essentiel dans leur prise en charge en cas de suspicion d’infection, mais ont cependant des difficultés à discuter de la décision thérapeutique avec le médecin en raison d’un défaut de compétences théoriques. Elles ont donc besoin d’un socle de connaissances renforcés afin d’accroître leur collaboration avec le médecin. D’ailleurs, une étude transversale, menée sur 51 pays, a démontré que dans les 14 pays où les IDE peuvent prescrire, leurs compétences sont plus importantes, et leurs relations avec les médecins, meilleures. Cette acquisition de savoirs peut aussi jouer dans la perception que les résidents et familles ont du rôle des IDE, car elles ne sont pas encore vues comme source potentielle d’informations.