CONTRE LE CANCER, LES PATIENTS FONT ÉQUIPE - L'Infirmière Magazine n° 404 du 01/05/2019 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 404 du 01/05/2019

 

EXPÉRIMENTATION

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ÉTABLISSEMENTS

ANNE-GAËLLE MOULUN  

Le CHU de Saint-Étienne (42) met en place une expérimentation où des patients-pairs accompagnent des personnes atteintes d’un cancer de la prostate dans leur reprise et leur suivi d’une activité physique.

L’unité de médecine du sport, le service d’urologie et le centre d’investigation clinique du CHU de Saint-Étienne (42) mènent actuellement une étude auprès d’une trentaine de patients atteints d’un cancer de la prostate. « Nous nous sommes rendu compte qu’à la différence du cancer du sein, où les patientes adhèrent bien à ce que le médecin leur recommande, notamment concernant l’activité physique, les patients souffrant d’un cancer de la prostate ont du mal à suivre ce genre de préconisations, souligne le Dr David Hupin, médecin du sport et éducateur au sein du CHU. Pourtant, nous savons que l’activité physique permet d’éviter d’avoir un cancer, qu’elle aide à mieux tolérer les traitements et à diminuer les risques d’effets secondaires et qu’elle contribue à diminuer le risque de récidive », détaille-t-il.

L’échec de la prescription

Afin d’encourager les patients à reprendre une activité physique régulière, le CHU de Saint-Étienne a donc lancé l’expérimentation « Acti-Pair » : proposer aux patients concernés d’être accompagnés par d’autres patients dans leur reprise du sport. « Nous avons d’abord réalisé une première phase de l’étude avec des entretiens, conduits par une sociologue de la santé et du sport, pour comprendre pourquoi les patients n’adhéraient pas aux recommandations. Durant quarante-cinq minutes, ils ont évoqué leur histoire, l’avant et l’après diagnostic, leur représentation de l’activité physique, s’ils étaient sportifs avant la maladie et quels étaient les freins et éventuels leviers sur lesquels agir. Pour le moment, nous avons interrogé vingt patients et nous prévoyons d’en inclure une dizaine de plus », développe le Dr David Hupin. La seconde phase de l’étude a consisté à recruter et à former des patients experts, parmi les patients qui ont été reçus en entretien.

Suivi pendant trois mois

« Nous avons proposé à sept des patients, en rémission ou non et dont la représentation de l’activité physique est très bonne, de devenir patients-pairs. Ils étaient soit sportifs avant la maladie, soit ne l’étaient pas mais le sont devenus après. L’activité physique leur a souvent permis de passer le cap difficile du diagnostic. Nous allons leur demander de coacher les autres patients, qui ont un peu plus de mal avec l’activité physique », explique le Dr David Hupin. André Berne est l’un de ces patients-pairs. « J’ai eu moi-même un cancer de la prostate en septembre 2017. Je me suis mis à la musculation et j’en fais à peu près tous les jours. Je fais plus de sport qu’avant mon cancer, ce qui me permet d’en voir les bienfaits », témoigne-t-il.

Une formation a été organisée début mars sur une journée. Elle s’est déroulée sous la forme d’échanges, d’apports théoriques et d’une séance d’activité physique adaptée, comprenant de la marche nordique, des étirements et du renforcement musculaire.

Chaque patient-pair sera rapproché de personnes ayant sensiblement le même profil. « Nous essaierons d’apparier des patients ayant un cancer métastatique avec d’autres ayant eu la même expérience afin qu’ils puissent en bénéficier. Puis, les patients-pairs pourront entraîner les autres patients pendant trois mois, soit par leur présence, soit par téléphone ou par mail », indique le Dr David Hupin. « Le but de la démarche du patient-pair, c’est de motiver les gens pour montrer que par le sport, on peut aller mieux. Le fait d’être sportif moi-même va me permettre de montrer l’exemple », estime André Berne. « Nous allons proposer au patient de faire de l’activité physique en ville, dans le département, dans un relais sport santé. Il s’agit d’une plateforme qui accueille les patients en affection de longue durée (ALD), gérée par des enseignants en activité physique adaptée, qui sont formés à accueillir et à encadrer ces patients. Chaque patient-pair aura quatre ou cinq malades à motiver pendant trois mois. Au début de l’été, nous analyserons les premiers résultats. Nous reprendrons ensuite contact à six mois puis à un an avec les patients, pour voir s’ils ont maintenu l’activité physique sans coach. » Si l’expérience est un succès, elle sera étendue à d’autres patients.

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