L'infirmière Magazine n° 404 du 01/05/2019

 

ÉDITORIAL

HÉLÉNE TRAPPO  

RÉDACTRICE EN CHEF

La santé n’était pas au programme du grand débat national lancé en réponse à la crise des Gilets jaunes. Et pourtant, elle a fait un carton. L’avoir écartée d’entrée dénote, en soi, d’une forme d’éloignement des gouvernants des préoccupations des Français. Il est intéressant de constater que le sujet a mobilisé à tous les niveaux, du côté des usagers comme de celui des acteurs. Elle a surgi sans crier gare dans les discussions et commentaires déposés sur le site officiel du grand débat. Ainsi, la santé est en tête des services publics pour lesquels les demandes d’amélioration sont les plus fortes. Du côté des acteurs de la santé, qu’il s’agisse des organismes de protection sociale comme la Mutualité française, des fédérations hospitalières du privé et du public, des syndicats ou des organisations professionnelles (plateforme de la Fédération nationale des infirmiers et d’Action praticiens hôpital), chacun s’est prêté à l’exercice de démocratie sanitaire et a pu tirer à soi un coin de la couverture du grand débat, l’instrumentalisant d’une certaine manière pour mieux faire entendre son discours. Entre ces propositions et les avis recueillis sur les diverses plateformes, la synthèse va être difficile à effectuer car les points de vue divergent forcément. Par exemple, le souhait de moyens coercitifs pour garantir l’accès aux soins n’est pas de tous les goûts. Reste aussi que le calendrier du grand débat est venu télescoper l’adoption à l’Assemblée nationale du plan « Ma Santé 2022 ». Mais ce dernier n’a pas réponse à tout et ne saurait empêcher d’étudier les propositions qui ont émergé. Cette forte mobilisation autour des problématiques de santé révèle une réelle demande de démocratie sanitaire. À ne pas décevoir si l’on ne veut pas donner des armes aux détracteurs du grand débat.