FORMATION
CAS CLINIQUE
Une BHRe est dépistée chez M. L. cinq jours après son entrée en service de réanimation. Des précautions d’hygiène sont mises en place et les autres services sont alertés.
→ M. L. est hospitalisé en service de médecine interne pour érysipèle. Devant la dégradation de son état général, il est muté en unité de surveillance continue. M. L. présente alors un choc septique qui nécessite une hospitalisation en réanimation médicale au CHU de recours dans la ville voisine.
→ Dès son admission en service de réanimation, M. L. bénéficie de dépistages systématiques à la recherche de bactéries hautement résistantes aux antibiotiques émergentes (BHRe) : les entérobactéries productrices de carbapénémases (enzymes qui inactivent les antibiotiques carbapénèmes) et entérocoques résistants aux glycopeptides (antibiotiques). Ces dépistages sont effectués en routine dès l’admission, tels que prescrits par le protocole de prise en charge du service.
→ Ces dépistages, réalisés sous forme d’un écouvillonnage rectal, s’avèrent négatifs.
→ Cinq jours après son admission, de nouveaux prélèvements montrent que M. L. est porteur d’enterococcus faecium résistant à la vancomycine (ERV), autre nom donné aux entérocoques résistants aux glycopeptides, la vancomycine étant un antibiotique glycopeptide.
→ Hypothèses : M. L. a pu attraper cette bactérie dans le service, mais pouvait être aussi déjà porteur de l’ERV à un niveau inférieur au seuil de détection lors du premier dépistage.
→ Le patient est traité par antibiothérapie pour une inflammation généralisée associée à une infection grave (sepsis) sans lien avec l’ERV.
→ Durant son séjour en réanimation, M. L. a bénéficié d’un IRM, de bilans sanguins et de prélèvements biologiques.
→ Après douze jours en réanimation, M. L. retourne dans l’établissement de la première hospitalisation, en unité de surveillance continue. Étant identifié comme porteur d’une BHRe, il est installé en chambre individuelle et les « précautions complémentaires de type contact BHRe » sont appliquées. Ce qui constitue une mesure barrière à la transmission de la BHRe à un autre patient pris en charge par la même équipe ou à toute personne en contact avec M. L.. Le protocole considère les autres patients du service comme des patients « contact ». Ils bénéficieront d’un dépistage hebdomadaire de la bactérie.
→ M. L. est ensuite transféré en service de médecine interne où le même protocole de précautions d’hygiène spécifiques aux BHRe est mis en place.
→ Au cours de son séjour hospitalier, M. L. bénéficie d’examens complémentaires : bilans sanguins, écho-Doppler des troncs supra-aortiques (TSA) et des membres inférieurs en service de cardiologie, et échographie transœsophagienne en service d’imagerie. Le portage de la BHRe étant signalé dans le dossier de M. L., les précautions standard d’hygiène sont rigoureusement appliquées pour ces examens et le risque de transmission croisée est maîtrisé.
→ M. L. rentre à son domicile après une semaine d’hospitalisation en médecine interne. Les informations concernant le portage de BHRe lui sont données par l’équipe du service, elles indiquent notamment que le fait d’être porteur est sans gravité pour M. L. et ne rend pas malade. L’équipe vérifie que M. L. est à même d’indiquer le portage aux professionnels qui le suivront par la suite, chez lui ou en ville (médecin traitant, spécialistes, aide-soignant, infirmière, kinésithérapeute…), ou lors d’une nouvelle hospitalisation. Ceci dans le but d’éviter la transmission de la BHRe à d’autres patients.
→ Depuis sa sortie, M. L. bénéficie de consultations spécialisées en dermatologie, prise en charge de la douleur et pneumologie, et d’aides lui permettant le maintien à domicile.
→ Le portage de la BHRe est indiqué dans son dossier médical. Les précautions standard d’hygiène sont systématiquement appliquées pour prévenir le risque de transmission croisée.