L'infirmière Magazine n° 405 du 01/06/2019

 

CARRIÈRE

GUIDE

LAURE MARTIN  

En juillet 2018, les ministres de la Santé et de l’Enseignement supérieur ont annoncé la fin du concours infirmier et l’intégration de la sélection pour les études en soins infirmiers dans le dispositif Parcoursup.

L’accès aux études en soins infirmiers a été marqué par deux changements notables, actés en 2018. Tout d’abord, l’adoption de la loi relative à l’orientation et à la réussite des étudiants (ORE), organisant une réforme des conditions d’accès à l’enseignement supérieur et supprimant, par là même, le concours d’intégration aux études de soins infirmiers. Un décret du 13 décembre 2018 a par ailleurs défini les modalités d’accès pour les autres voies. Désormais, il est possible de s’inscrire en Ifsi par le biais ou non de Parcoursup, en fonction de son parcours, et avec ou sans le baccalauréat. L’année 2019 est la première année d’entrée en application de cette réforme, entraînant quelques changements pour les candidats.

L’accès en Ifsi via la plateforme Parcoursup

• L’inscription sur la plateforme Parcoursup en lieu et place du concours, participe à l’universitarisation des études en soins infirmiers. Sont concernées les personnes en train de passer le baccalauréat ou qui en sont déjà titulaires ou titulaires d’un diplôme de niveau IV, c'est-à-dire les néo-bacheliers, les bacheliers en ré-orientation, les candidats étrangers et les personnes en reconversion professionnelle ayant le baccalauréat, les étudiants Paces qui pourront faire valoir, une fois admis, la reconnaissance des unités d’enseignement validées, ainsi que les infirmiers diplômés d’État hors Union européenne.

• Dès cette année, il n’y a plus ni épreuve orale ni épreuve écrite, mais un dossier, composé des notes du candidat, de la fiche avenir remplie par l’Éducation nationale pour chacun des vœux formulés et du projet motivé du candidat. Un arrêté du 3 janvier 2019 définit les attendus de la formation conduisant au diplôme d’État infirmier (lire encadré ci-contre). Les étudiants avaient cette année jusqu’au 14 mars pour s’inscrire et créer leur dossier sur Parcoursup, et jusqu’au 3 avril pour le finaliser et donc confirmer leurs vœux. Un vœu vaut pour un regroupement d’Ifsi (environ 40 regroupements pour les 326 Ifsi).

• Entre avril et mai, les commissions examinent les vœux et le 15 mai, les candidats recevront les réponses : non, oui, oui en attente d’une place et « oui si » pour les étudiants admis mais dans l’obligation d’avoir un soutien dans une ou plusieurs disciplines.

• Une particularité pour les candidats étrangers : ils doivent obligatoirement s’inscrire au centre Enic-Naric, qui délivre des attestations de comparabilité d’études attestant de l’équivalence au minimum de niveau IV, et joindre une traduction du diplôme effectuée par un traducteur agréé auprès des tribunaux français. Cette mesure, à la charge de l’étudiant, peut prendre entre trois et quatre mois.

La démarche pour les aides-soignants ou auxiliaires de puériculture

• L’arrêté de décembre 2018 maintient le dispositif dérogatoire d’accès aux études infirmières pour les aides-soignants ou les auxiliaires de puériculture, détenant trente-six mois d’expérience professionnelle. Ils peuvent intégrer l’Ifsi en bénéficiant d’un examen passerelle, qui consiste en trois situations professionnelles.

• L’épreuve, d’une durée de deux heures, est composée de trois questions. Parmi les grandes orientations de ces situations : recueil de données, prise en charge sociale, habitude de vie, histoire de la maladie, degré d’autonomie du patient, déroulement de l’hospitalisation, analyse des besoins, responsabilité et éthique professionnelle, santé publique. Si le candidat réussit les épreuves, il peut alors intégrer un Ifsi, dans la limite du quota de 33 % des effectifs accordé à la « seconde voie », qui inclut toutes les personnes en reconversion.

L’accès pour les autres candidats en reconversion

• Les personnes qui ne sont ni aide-soignant, ni auxiliaire de puériculture, mais qui justifient de trente-six mois de cotisations au régime de la Sécurité sociale, soit 4 821 heures, titulaires ou non du baccalauréat, peuvent passer des épreuves pour intégrer un Ifsi.

• Ces épreuves de formation professionnelle continue (FPC) au titre de la reconversion professionnelle sont définies par l’arrêté du 13 décembre 2018. Elles consistent en :

- un entretien portant sur l’expérience professionnelle du candidat. Il dure vingt minutes et s’appuie sur la remise d’un dossier permettant d’apprécier l’expérience professionnelle, le projet professionnel et les motivations du candidat ;

- une épreuve écrite comprenant une sous-épreuve de rédaction et/ou des réponses à des questions dans le domaine sanitaire et social de trente minutes. Elle doit permettre d’apprécier les qualités rédactionnelles du candidat, ses aptitudes au questionnement, à l’analyse et à l’argumentation ainsi que sa capacité à se projeter dans son futur environnement professionnel. Puis une sous-épreuve de calculs simples de trente minutes également, visant à apprécier les connaissances en mathématiques du candidat.

• Pour être admis, le candidat doit obtenir un total d’au moins 20/40, une note inférieure à 8/20 à l’une des épreuves est éliminatoire.

Comme les aides-soignants et auxiliaires de puériculture, ces candidats font partie du quota de 33 % des effectifs des Ifsi. Si le quota n’est pas rempli, les places restantes sont rebasculées dans Parcoursup.

Infirmier et militaire

L’étudiant souhaitant devenir IDE et intégrer le personnel des armées doit passer un examen qui a été réformé avec l’intégration d’épreuves sportives, qui s’ajoutent à des épreuves de culture générale et de mathématiques. C’est un arrêté du 21 février 2019 relatif aux concours d’admission à l’école du personnel paramédical des armées et à l’accès à la formation au diplôme d’État d’infirmier qui définit les conditions d’admission.

• Le candidat a deux épreuves écrites d’admissibilité comprenant :

- une épreuve écrite avec une rédaction et des réponses à des questions dans le domaine sanitaire et social, d’une durée de deux heures. Cette épreuve permet d’apprécier les qualités rédactionnelles du candidat, son aptitude au questionnement, à l’analyse, à l’argumentation et sa capacité à se projeter dans son futur environnement professionnel ;

- une épreuve de mathématiques, d’une durée d’une heure.

• Pour être admissible, le candidat doit obtenir la moyenne aux deux épreuves. Une note inférieure à 8/20 à l’une des épreuves est éliminatoire.

Il peut alors se présenter aux épreuves d’admission : un entretien oral avec quatre examinateurs, durant trente minutes. L’objectif est d’apprécier ses motivations, son aptitude à suivre la formation, à servir en qualité d’infirmier militaire et son projet professionnel dans l’institution. Pour être admis, il doit obtenir au moins 10/20.

• Les épreuves sportives sont par ailleurs obligatoires afin de s’assurer d’un niveau minimum en sport du candidat pour intégrer l’institution militaire, vérifier sa capacité et volonté à se préparer physiquement et lui faire prendre conscience que la pratique du sport fait partie intégrante du métier de militaire. Les barèmes retenus tiennent compte de la performance réalisée, du sexe et de l’âge du candidat.

Pour les autres…

Les candidats ayant passé les épreuves de l’agence régionale de santé (ARS) en 2018, et détenteurs de l’attestation le certifiant, peuvent passer les épreuves de mathématiques et d’oral en 2019 et en 2020, l’attestation étant valable deux ans. Il s’agit d’un cas particulier puisque jusqu’à la réforme de 2018, les ARS pouvaient être organisatrices des épreuves d’admission du concours infirmier, ce qui n’est plus le cas depuis.

Réglementation

Attendus de la formation conduisant au diplôme d'État d'infirmier pour Parcoursup (arrêté du 3 janvier 2019)

SAVOIR PLUS

→ Arrêté du 13 décembre 2018 modifiant l’arrêté du 31 juillet 2009 relatif au diplôme d’État d’infirmier.

→ Arrêté du 3 janvier 2019 relatif au cadre national sur les attendus de la formation conduisant au diplôme d’État d’infirmier.

→ Arrêté du 21 février 2019 relatif aux concours d’admission à l’école du personnel paramédical des armées et à l’accès à la formation au diplôme d’État d’infirmier.

INTERVIEW

FLORENCE GIRARD PRÉSIDENTE DE L’ASSOCIATION NATIONALE DES DIRECTEURS D’ÉCOLE PARAMÉDICALE (ANDEP)

Qu’est-ce que Parcoursup entraîne comme changement pour l’étudiant bachelier ?

• Tout d’abord, la suppression du concours à l’intégration en Ifsi. Désormais, le candidat s’inscrit sur Parcoursup avec son dossier comprenant ses notes, la fiche avenir remplie par l’Éducation nationale et son projet motivé. Le jury va donc prendre en compte l’ensemble du parcours du candidat au sein de l’Éducation nationale. Davantage d’autonomie lui est également donnée dans la formulation de ses vœux et le choix de réponses, il est responsabilisé dans son parcours. Le candidat fait désormais le choix de l’Ifsi qu’il souhaite intégrer. Il n’est plus uniquement dépendant de ses résultats au concours.

De quelle manière peut-il mettre en valeur son dossier et se distinguer des autres candidats ?

• Dans le cadre de son projet motivé, le candidat doit être le plus honnête possible et expliquer réellement pourquoi il a fait ce choix même si, à 17/18 ans, il n’a pas beaucoup d’expérience. Cela ne sert à rien d’inventer des raisons. Si c’est parce qu’il aime les cours de biologie, il faut le dire. Il doit également mettre l’accent sur ses centres d’intérêt, par exemple s’il aime le sport en équipe, en compétition, s’il aime se dépasser, s’il est bénévole dans des associations, chez les pompiers, s’il aime voyager. Il doit montrer qui il est, ses qualités, ce qui le pousse à vouloir s’inscrire en Ifsi dans ce qu’il a fait, dans ce qu’il est et dans ce qu’il a envie de devenir. Un petit conseil : il n’a que 1 500 signes pour s’exprimer, cela ne sert à rien d’en perdre dans les formules de politesse.

Comment s’assurer que les jurys effectuent une sélection des candidats sur des critères identiques ?

• Les jurys des commissions doivent s’appuyer sur les attendus et critères nationaux. De plus, un groupe de travail national a défini des orientations pour la sélection des candidats. Certes, les commissions d’examen des vœux sont autonomes, il n’existe donc pas de texte officiel exigeant le respect de ces orientations. Néanmoins, le 28 mars, une journée de formation a été organisée au ministère de l’Enseignement supérieur afin de les présenter et elles ont aussi été transmises par les associations professionnelles.

PROPOS RECUEILLIS PAR LAURE MARTIN