Les négociations entre syndicats et Assurance maladie sur les assistants médicaux ont pris fin le 9 mai. C’est aux médecins désormais de décider s’ils acceptent le projet d’avenant.
Quatre mille. C’est le nombre d’assistants médicaux qui travailleront dans les cabinets des praticiens libéraux de France et de Navarre avant la fin du quinquennat. Tel était du moins le vœu d’Emmanuel Macron, formulé en septembre, lors de la présentation de sa stratégie « Ma Santé 2022 », souhait auquel l’Assurance maladie et les syndicats médicaux tentent de donner corps depuis des mois, durant des sessions de négociations conventionnelles entamées au mois de janvier. Celles-ci se sont achevées le 9 mai, et c’est désormais à la base de se prononcer sur le dispositif avant le 15 juin.
Pour mémoire, les assistants médicaux doivent, un peu à la manière des assistants dentaires qui travaillent avec les dentistes, faire gagner du temps aux médecins en les déchargeant de certaines tâches administratives (gestion des dossiers, prise de rendez-vous) ou soignantes (pesée, prise de constantes, etc.). Une partie du salaire des assistants médicaux doit être prise en charge par l’Assurance maladie, et les négociations conventionnelles portaient justement sur le montant et les conditions de cette prise en charge.
Car, bien sûr, la Sécurité sociale souhaite en avoir pour son argent. Les médecins qui bénéficieront d’un assistant médical devront en effet s’engager à accroître le nombre de patients qu’ils suivent. Par ailleurs, les autorités souhaitant promouvoir l’exercice coordonné, il sera demandé aux praticiens qui bénéficient d’un assistant de s’engager dans une forme ou une autre de coordination : communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS), équipes de santé primaire (ESP), etc.
Les médecins devront, en outre, se partager les assistants médicaux, à raison d’un assistant pour deux ou trois médecins, sauf dans les zones sous-denses. Dans les déserts médicaux, les praticiens pourront en effet, sur dérogation, prétendre à avoir un assistant pour eux tout seuls. L’aide de l’Assurance maladie sera dégressive : 36 000 € la première année, puis 27 000 € la deuxième, et enfin, 21 000 € à partir de la troisième.
Pour savoir si l’accord pourra entrer en vigueur au mois de septembre, comme le souhaite l’Assurance maladie, il faudra que celui-ci soit ratifié par des syndicats représentant au moins 30 % des médecins, et qu’il ne soit pas bloqué par des syndicats représentant plus de 50 % d’entre eux. Et pour l’instant, l’incertitude règne. « Ce texte est insuffisant pour rassurer les médecins », estime par exemple le Dr Jean-Paul Hamon, président de la Fédération des médecins de France (FMF), qui a décidé de s’en remettre à la décision de ses adhérents et d’organiser un vote interne sur la question.
Le Dr Jacques Battistoni, président de MG France, semble moins critique sur le projet d’accord, mais estime nécessaire de « prendre le temps de la réflexion et de l’analyse ». Il annonce que son syndicat se prononcera sur l’avenant lors de son Assemblée générale du 2 juin. « Ce texte est le fruit d’une négociation et n’est donc pas entièrement satisfaisant, remarque le généraliste. Et en même temps, il répond à un besoin des médecins et de la population, sans compter qu’il s’agit de sommes non négligeables. » Cruel dilemme !