L'infirmière Magazine n° 405 du 01/06/2019

 

TÉMOIGNAGE

RENDEZ-VOUS

HÉLÈNE TRAPPO  

À l’âge de 15 ans, Arnhild Lauveng affronte les premiers symptômes d’une schizophrénie. Elle raconte l’isolement, la honte, les hallucinations effrayantes (de gros loups repoussants qui surgissent partout, à l’école, à l’hôpital…), les voix intérieures qui la commandent (le « capitaine », personnage intransigeant), les mutilations. Elle relate sans complaisance, toujours avec recul, les multiples hospitalisations où elle est souvent attachée au lit, en chambre d’isolement, les échanges infructueux avec les soignants.

Un témoignage remarquable par sa sobriété et l’éclairage qu’il apporte sur le vécu de la maladie, l’auteur se livrant à un travail introspectif d’une grande finesse et à distance. « La schizophrénie, c’est d’abord de la souffrance. Et cette souffrance est parfaitement racontée, sans pathos ni enjolivures », écrit Christophe André dans la préface.

L’autre intérêt de ce livre est de montrer que le patient ne se réduit pas à sa maladie et que, derrière les symptômes, existe une personne avec son intelligence, ses besoins, capable de discourir sur sa maladie et qui veut s’en sortir alors qu’on l’enferme dans la chronicité. Guérie, Arnhild Lauveng est devenue psychologue. C’était son rêve.

Demain, j’étais folle, Arnhild Lauveng, traduit du norvégien par Alex Fouillet, Éd. Autrement document, 18 €

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