L'infirmière Magazine n° 405 du 01/06/2019

 

CRÉATION D’UN SYNDICAT

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VÉRONIQUE HUNSINGER  

Un syndicat regroupant les futures infirmières de pratique avancée a vu le jour en mars pour défendre les intérêts de cette nouvelle profession. Entretien avec Tatiana Henriot, présidente de l’Unipa.

L’INFIRMIÈRE MAGAZINE : Pourquoi avoir créé un syndicat des infirmières de pratique avancée (IPA) ?

TATIANA HENRIOT : C’est tout simplement la suite logique de l’arrivée de la pratique avancée en France. Jusqu’à présent, c’était essentiellement l’Ordre des infirmiers et le GIC(1) Repasi (Réseau de la pratique avancée en soins infirmiers, un groupe de l’Anfiide(2), NDLR) qui ont beaucoup œuvré pour que la pratique avancée émerge en France. Maintenant que le décret est paru depuis juillet dernier, et surtout que les premiers étudiants vont être diplômés le mois prochain, il nous est apparu important de nous regrouper en syndicat afin de pouvoir être représentés dans les instances décisionnaires.

L’I. M. : Depuis quand existe-t-il ?

T. H. : Les statuts de Union nationale des infirmiers en pratique avancée (Unipa) ont été déposés en mars. Nous recevons de nouvelles adhésions tous les jours et, fin avril, nous comptions déjà une cinquantaine d’adhérents. Le comité d’administration est composé de 22 membres.

L’I. M. : Quels sont vos sujets prioritaires ?

T. H. : Nous avons constaté des disparités dans les formations universitaires, ce qui s’explique par le fait que les universités sont autonomes. Mais le sujet principal pour nous est le coût de la formation. Le master correspond à 1 500 heures de formation, sans compter les stages. Cela représente un investissement très important en temps pour les professionnels en activité. Il y a quelques agences régionales de santé (ARS) qui participent au financement mais pas partout. Il faut que cette formation devienne davantage accessible.

L’I. M. : Où en est-on aujourd’hui dans la définition du modèle économique des IPA ?

T. H. : Pour les hospitaliers, une grille salariale est en cours de négociation. Pour les libéraux, c’est plus compliqué. Nous aimerions être présents à la table des négociations avec l’Assurance maladie, quand le sujet sera débattu, à côté des syndicats d’infirmières qui ne connaissent pas encore tous très bien la pratique avancée. C’est aussi pour cela que nous avons voulu nous constituer en syndicat, car nous sommes les premiers experts de cette nouvelle profession naissante.

L’I. M. : En ville, les IPA seront-elles plutôt salariées ou libérales ?

T. H. : C’est compliqué. L’association Asalée(3), qui emploie des infirmières salariées, est en train de travailler sur ce sujet afin de pouvoir inclure les futures IPA. Dans les maisons de santé pluridisciplinaires (MSP), le statut des sociétés interprofessionnelles de soins ambulatoires (Sisa) prévoit que des infirmières puissent toucher une rémunération salariée. Mais les modalités ne sont pas tout à fait claires. C’est ce qu’il faut préciser aujourd’hui pour accompagner l’implantation de la pratique avancée. Il est aussi important de dire qu’aujourd’hui, nous ne sommes pas dans les barricades mais bien dans la construction et la recherche de partenaires.

1 - Groupement d’intérêt commun.

2 - Association nationale française des infirmiers et infirmières.

3 - Action de santé libérale en équipe.