Quand le cancer de la prostate devient chronique - L'Infirmière Magazine n° 405 du 01/06/2019 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 405 du 01/06/2019

 

FORMATION

ONCOLOGIE

ANNE-GAËLLE MOULUN  

Grâce aux progrès des traitements, les taux de survie s’améliorent et il est possible de parler de chronicisation du cancer de la prostate. À ce stade, la qualité de vie du patient est plus que jamais une composante essentielle de la prise en charge.

Le cancer de la prostate se situe au premier rang des cancers chez l’homme, avec autour de 50 000 nouveaux cas par an et plus de 8 000 décès annuels. Selon l’Institut national du cancer (INC), le taux de survie nette à cinq ans est de 93 % et de 80 % à dix ans.

→ Le dépistage s’effectue par toucher rectal et dosage de l’antigène spécifique de la prostate, le PSA. « Ce marqueur sanguin permet de détecter les anomalies de la prostate et notamment le cancer. Si le taux de PSA dépasse un certain seuil, nous effectuons une biopsie de la prostate pour vérifier s’il y a une tumeur à l’intérieur », explique le Pr Sébastien Crouzet, chirurgien urologue aux Hospices civils de Lyon. Un résultat de dosage de PSA est habituellement considéré comme normal si le taux est inférieur à 4 ng/ml.

→ Lorsque le cancer est diagnostiqué, il est pris en charge de différentes manières en fonction de son degré d’agressivité et de son étendue. « Si c’est un cancer de faible risque, une surveillance suffit. Cette surveillance active se traduit par une nouvelle série d’IRM et de biopsie dans l’année qui suit le diagnostic, ainsi qu’une surveillance du PSA. Ensuite, des biopsies sont réalisées en moyenne deux ans après le diagnostic puis cinq ans après, tandis que des prises de sang sont effectuées tous les six mois pour doser le PSA », détaille Sébastien Crouzet. Si le cancer évolue, ou s’il est plus agressif d’emblée, un bilan d’extension est réalisé. « C’est un cancer ostéophile, qui provoque des métastases osseuses », indique le spécialiste.

1. TRAITEMENTS

Des traitements locaux en première intention

→ La chirurgie fréquemment utilisée consiste à retirer la prostate (prostatectomie totale) ainsi que les vésicules séminales. Le chirurgien rattache ensuite l’urètre à la vessie pour assurer l’écoulement des urines par les voies naturelles. Si nécessaire, il enlève également les ganglions lymphatiques. Les nerfs et les vaisseaux sanguins responsables de l’érection forment deux bandelettes neurovasculaires de chaque côté de la prostate. Dans la mesure du possible, elles sont préservées pendant la chirurgie, mais il peut arriver qu’elles soient lésées au cours de l’intervention.

→ La radiothérapie externe : ce traitement repose sur l’émission de rayonnements ionisants à travers la peau jusqu’à la tumeur. Produits par un appareil appelé accélérateur de particules, ils sont dirigés en faisceaux vers la prostate pour atteindre, à travers la peau, la tumeur ainsi que les ganglions voisins.

→ La curiethérapie : c’est une technique d’irradiation de la prostate grâce à des grains radioactifs insérés directement dans la prostate sous contrôle échographique. Ces éléments radioactifs émettent des rayonnements qui détruisent les cellules cancéreuses. La dose de rayonnement décroît très vite au fur et à mesure que l’on s’éloigne de ces sources radioactives, ce qui permet de limiter les effets indésirables sur les tissus sains avoisinants.

→ Les ultrasons focalisés de haute intensité (HIFU) : ce traitement repose sur l’émission d’ultrasons d’énergie élevée par une sonde endo-rectale, introduite dans le rectum du patient. Les ultrasons se focalisent à travers la paroi du rectum vers la zone à traiter et chaque impulsion ultrasonore détruit sélectivement une petite zone de tissu de la prostate. Cette destruction se fait grâce à une élévation brutale de la température dans la zone traitée, provoquant une destruction définitive des tissus visés.

→ La cryothérapie : cette technique, encore peu utilisée en France, repose sur l’insertion de sondes, sous anesthésie, dans la tumeur de la prostate, qui congèlent les tissus, tuant ainsi les cellules tumorales.

→ La photothérapie dynamique : cette technique, qui n’a pas encore reçu d’AMM en France, est en cours d’évaluation. Elle combine l’illumination par fibres optiques laser implantées sur la tumeur de la prostate et un photosensibilisant, dérivé de la chlorophylle (ou d’une algue marine), administré par voie intraveineuse qui va rendre l’ensemble du corps sensible à la lumière. L’illumination déclenche une réaction photodynamique qui va entraîner une destruction de la zone prostatique ciblée.

Prise en charge en phase chronique

Lorsque le cancer est sorti de la prostate, il va être difficile de le guérir. C’est le moment où il devient chronique. « Il est fréquent de pouvoir surveiller et traiter un cancer de la prostate pendant une dizaine d’années », souligne le Pr Sébastien Crouzet.

→ D’autres traitements sont possibles, lorsque le cancer devient chronique ou en cas d’échec des traitements locaux :

• L’hormonothérapie : le cancer de la prostate est hormonodépendant, sous l’influence de la testostérone. Le traitement hormonal permet de réduire la production de testostérone et de faire régresser le cancer. Il est donné de façon continue, à vie. « Mais le cancer devient résistant à cette hormonothérapie, pointe le chirurgien. En moyenne, la sensibilité à ce traitement dure vingt-huit mois. Ensuite, il faut passer aux hormonothérapies de deuxième ligne, tout en gardant la première, ce qui permet de gagner encore dix-huit mois en moyenne. »

L’hormonothérapie provoque des effets secondaires tels que « des bouffées de chaleur, de la fatigue, des modifications de l’humeur et des pertes musculaires, énumère le Pr Crouzet. Ces traitements s’accompagnent de mesures hygiéno-diététiques, car ils comportent des risques d’augmentation de risque cardiovasculaire, de développement de diabète, de prise de poids, d’ostéoporose. Le patient doit faire de l’activité physique et surveiller son alimentation. L’accompagnement du patient comprend des consultations cardiologiques et une surveillance osseuse. »

• La chimiothérapie : lorsque le cancer devient résistant à la nouvelle hormonothérapie, il est alors possible de passer à la chimiothérapie de première, puis de deuxième ligne.

→ Un accompagnement spécifique doit être proposé au patient. En effet, lorsque la maladie devient chronique, le patient peut être amené à prendre un traitement à domicile. Se posent alors les questions de son observance et du signalement des effets secondaires. Si le traitement est pris correctement, le cancer peut être combattu efficacement. « Les chances de survie avec un cancer de la prostate métastatique ne cessent d’augmenter », observe le Dr Denis Maillet, oncologue au CH Lyon-Sud. Pour mieux prendre en charge le patient, des infirmières de consultation l’appellent régulièrement à son domicile. « Elles font le lien entre nous et les patients qui sont en cours de traitement per os à domicile. Ce traitement nécessite une prise de sang toutes les deux semaines. Les infirmières de consultation récupèrent les analyses, nous les montrent, nous les font signer, puis rappellent le patient et lui donnent le feu vert pour la poursuite du traitement. Nous pouvons être amenés à interrompre un traitement s’il y a trop d’effets secondaires, à avancer une consultation ou à faire intervenir un psychologue si besoin. Le patient a le numéro de l’infirmière et peut avoir accès à l’hôpital par son intermédiaire », détaille le Dr Denis Maillet.

2. PRENDRE EN CHARGE LA DYSFONCTION ÉRECTILE

Effet secondaire fréquent des traitements du cancer de la prostate, la dysfonction érectile est l’incapacité d’obtenir ou de maintenir une érection suffisante pour permettre une activité sexuelle satisfaisante. « La durée fait partie de la définition », souligne le Dr Rosa Carballeda, médecin sexologue à Grenoble, thérapeute de couple, présidente de la Fédération française de sexologie et de santé sexuelle. De plus, la dysfonction érectile doit soit être installée depuis plus de six mois, soit être éprouvée dans toutes les occasions ou presque (approximativement 75 à 100 % des cas) d’activité sexuelle. Enfin, les symptômes provoquent une détresse cliniquement significative chez l’individu. « C’est d’ailleurs sur cet élément d’impact personnel sur l’individu que la classification DSM-5 grade la sévérité du trouble et non en fonction du degré de rigidité du pénis », signale la spécialiste.

Différents traitements existent :

• Les inhibiteurs de la phosphodiestérase de type 5 (IPDE-5) sont le traitement de première intention : Sildenafil, Vardenafil, Tadalafil ou Avanafil. « L’association d’une prise en charge de type sexo-comportementale à la prescription d’IPDE-5 permet d’obtenir de meilleurs résultats que la prescription d’IPDE-5 seule, recommande le Dr Carballeda. Il convient de vérifier la bonne observance du traitement et de répéter les règles de prescription, qui sont souvent négligées par les patients ou interprétées selon leurs peurs. » Par ailleurs, il faut tenir compte du partenaire. « Une partenaire non motivée ou elle-même en souffrance dans sa sexualité fera obstacle à la bonne marche du traitement », pointe la spécialiste.

• En seconde intention peuvent être prescrites des injections intra-caverneuses d’Alprostadil ou l’utilisation d’un vacuum.

• En cas de résistance aux traitements médicaux, l’implant pénien est une option de troisième ligne fiable, efficace et durable. « Dans un grand nombre de cas, une information éclairée peut suffire à apaiser les craintes sexuelles du patient et à améliorer sa réponse au traitement proposé, observe le Dr Carballeda. Par ailleurs, rappeler l’importance des préliminaires sexuels pour une meilleure excitation chez l’homme comme chez la femme, sera souvent utile. »

3. L’ÉDUCATION THÉRAPEUTIQUE DU PATIENT

Pour aider le patient à être acteur de son traitement, il peut bénéficier de séances d’éducation thérapeutique (ETP). Cela lui permet de s’autonomiser, d’acquérir et de conserver des compétences afin de mieux vivre sa maladie et d’être plus observant vis-à-vis de son traitement. « Nous avons un programme d’ETP pour les patients sous thérapie orale en ambulatoire, appelé Oncora », explique Laurence Couturier, infirmière à l’hôpital Lyon-Sud. Je suis en binôme avec un pharmacien hospitalier. Nous recevons les patients après leurs consultations. Notre rôle est de les aider à gérer leurs traitements à la maison. »

L’accompagnement débute par un diagnostic éducatif, qui permet de définir les besoins des patients. « Ensuite, nous leur proposons une séance d’initiation de traitement et le pharmacien fait un bilan de l’ordonnance. Nous regardons ce que le patient prend à côté de son traitement : homéopathie, phytothérapie ou compléments alimentaires, qui peuvent avoir des interactions avec son médicament. Nous proposons systématiquement un plan de prise. Nous discutons avec lui du meilleur moment pour le prendre. Nous organisons aussi des mises en situation : si le patient oublie son traitement ou s’il vomit, que doit-il faire ? Nous disposons de petites cartes avec plusieurs réponses possibles. »

L’infirmière et le pharmacien animent également une séance sur les effets indésirables : comment les gérer à la maison, quand et qui alerter ? « Nous avons aussi une grille d’évaluation de l’observance que nous faisons remplir aux patients. Nous leur demandons à chaque séance s’ils ont oublié leur traitement ou s’ils l’ont décalé par rapport à l’heure habituelle. Mais, de manière générale, ils sont quand même assidus. De plus, maintenant, ils reçoivent le prix du traitement, cela les fait réfléchir. Et le fait de les voir tous les deux mois, voire tous les mois, permet d’avoir un bon suivi et d’améliorer l’observance », estime-t-elle.

L’infirmière fait aussi le lien avec les autres intervenants. « Nous sommes en relation avec la personne ressource ou l’aidant, l’infirmière à domicile. Nous pouvons aussi orienter le patient vers un psychologue, une assistante sociale ou une diététicienne. Nous organisons également, tous les trois mois, un atelier diététique avec une diététicienne sur le thème “maintenir mon état nutritionnel avec une alimentation plaisir” », indique Laurence Couturier.

ÉVOLUTION THÉRAPEUTIQUE

Des traitements à combiner

« Les traitements qui permettent de soigner les formes les plus agressives, à l’heure actuelle, sont la chirurgie et la radiothérapie », indique le Pr Sébastien Crouzet, chirurgien urologue aux Hospices civils de Lyon. Pour lui, « la grosse nouveauté dans la prise en charge du cancer de la prostate, c’est le traitement focal. Avec les ultrasons, nous sommes capables de traiter seulement une partie de la prostate, au niveau de la zone où le cancer se situe. Or, traiter une prostate expose à deux risques majeurs : l’incontinence et les troubles de l’érection. La moitié des patients, après traitement, ont du mal à avoir des érections ou n’en ont plus du tout. Le traitement focal engendre moins d’effets secondaires. Néanmoins, il s’adresse à des cancers pas trop gros et pas trop agressifs », détaille l’urologue.

Il est possible de passer d’un traitement à l’autre en cas d’échec ou de récidive. « Nous essayons de combiner les traitements pour augmenter les chances de guérison. Beaucoup de patients sont opérés ou irradiés et guérissent. On les surveille ensuite pendant dix ans et certains ne récidivent pas. Nous revoyons le patient au moins une fois par an pour vérifier s’il n’y a pas de signe de récidive », conclut le Pr Crouzet.

PATIENT EXPERT

Un partenaire et un référent

« Le patient-expert est une personne atteinte d’une maladie chronique, qui a une volonté de s’impliquer auprès d’autres personnes atteintes de maladie chronique », énonce Raymond Merle, co-fondateur de l’Université des patients de Grenoble.

Il possède une connaissance par l’expérience qui lui est propre et qui vient en complément de celle du savant. Il peut ainsi exprimer des jugements pertinents, se révéler apte à communiquer et à participer à des débats ouverts avec des décideurs et des non-experts. Il est en mesure de remplir des missions d’expertise, de participer à la rédaction de recommandations type HAS, de former des formateurs ou encore, de participer à l’enseignement et à la recherche. C’est un collaborateur, un partenaire, un référent. »

Pour devenir patient expert, il faut se former, par exemple grâce à l’Université des patients. Celle de Grenoble a été créée en 2014, après celles de Paris et Marseille. Les patients reçoivent deux jours de formation, toutes pathologies confondues, et un complément de quatre heures dispensées par un spécialiste de leur pathologie et un patient. « Ensuite, ils peuvent intégrer une équipe pluridisciplinaire qui a mis en place un programme d’ETP, ou co-construire un programme eux-mêmes, avec des professionnels de santé. Nous avons déjà formé 35 patients », explique Raymond Merle.

QUALITÉ DE VIE

LES « PROs » FONT LEURS PREUVES

Avec la chronicisation du cancer, la qualité de vie devient un paramètre aussi important à prendre en compte que la survie. Pour la mesurer, l’avis des patients est primordial. D’où l’intérêt des Patient-reported outcomes ou PROs. « Ils désignent toute mesure de l’état de santé du patient qui est rapportée directement par le patient, sans interprétation par un soignant ou toute tierce personne », explique Patricia Marino, économiste de la santé à l’institut Paoli-Calmettes, à Marseille. Il s’agit d’interroger les patients sur la manière dont ils vivent la maladie, l’impact de celle-ci sur leur vie quotidienne, sociale, professionnelle, leur entourage, leur vécu du parcours de soins, leur perception des effets secondaires des traitements, etc. « On en parle énormément depuis deux ans, depuis que l’oncologue américain Ethan Basch a présenté, au congrès de cancérologie de l’Asco, les résultats d’un essai clinique mené de septembre 2007 à janvier 2011 », souligne Patricia Marino.

Cette étude, portant sur 766 patients traités par chimiothérapie pour un cancer métastatique, visait à évaluer l’intérêt d’une application web appelée Star (Symptom tracking and reporting)

Cette application permettait aux malades de signaler leurs symptômes en temps réel, parmi 12 différents. En cas de symptômes importants ou s’aggravant, l’application déclenchait une alerte pour les infirmières. Les résultats de l’étude ont montré que la survie des patients ayant bénéficié de cette application était significativement supérieure de cinq mois par rapport à celle des patients suivis de manière classique (31,2 mois contre 26 mois). Et la durée de la chimiothérapie était supérieure de deux mois chez les patients avec l’application, du fait d’une nette amélioration de leur qualité de vie.

« La question des PROs se pose car le cancer est une maladie qui a beaucoup évolué. La guérison est possible, ou la chronicisation, avec des traitements administrés pendant des durées prolongées. L’efficacité des traitements ne peut donc plus se mesurer qu’en termes de paramètres cliniques comme l’activité anti-tumorale, la survie sans rechute ou encore la survie globale, déclare Patricia Marino. Désormais, l’objectif thérapeutique principal est la qualité de vie. »

INTERVIEW

« Le plus compliqué à vivre, c’est le côté psychologique »

ANDRÉ BERNE PATIENT ATTEINT D’UN CANCER DE LA PROSTATE

Quel est votre parcours de patient ?

J’ai été diagnostiqué pour un cancer de la prostate en septembre 2017. J’ai eu deux choix possibles : un médecin voulait m’opérer, mais je risquais des problèmes d’incontinence sévère et d’érection, et un autre médecin me proposait d’entrer dans un protocole, à titre expérimental. Ce que j’ai finalement choisi. Cela a bien fonctionné et, actuellement, mon cancer est contrôlé.

Comment vivez-vous votre maladie ?

Le plus dur à vivre a été la chimiothérapie. J’en ai fait quatre séances. J’ai été très fatigué et très malade. En revanche, les 39 séances de rayons se sont bien passées. Depuis, je suis sous hormonothérapie, à raison d’une injection tous les trois mois, jusqu’en juillet 2020. Cela se passe assez bien, hormis quelques effets secondaires. J’ai des bouffées de chaleur, une prise de poids ainsi qu’une prise de poitrine. Le plus compliqué à vivre dans la maladie, c’est le côté psychologique. C’est toujours un peu angoissant de ne pas savoir si le cancer va récidiver ou non. Pour me changer les idées et me maintenir en forme, je me suis mis au sport.

De quelle façon le sport vous aide-t-il dans votre maladie ?

Je me suis mis à la musculation et j’en fais à peu près tous les jours. Je suis en arrêt maladie, donc j’ai le temps de m’y consacrer. Pendant un an, je n’ai fait que du cardio, et surtout du vélo. La chimiothérapie avait entraîné des problèmes à mon talon d’Achille, donc je ne pouvais pas faire grand-chose d’autre. Dans la salle de sport où je vais, j’ai rencontré des gens avec qui je m’entraîne régulièrement. Cela me fait du bien physiquement, mais aussi moralement.

PROPOS RECUEILLIS PAR A.-G. M.