Lancé en 2017 par la start up Continuum plus, AKO@dom est un dispositif destiné à accompagner à domicile les patients soignés par des médicaments anti-cancéreux oraux. Une soixantaine de patients en ont déjà bénéficié, accompagnés par les infirmières libérales.
Quand le cancer devient chronique, il est fréquent que le patient soit amené à prendre une chimiothérapie orale à domicile. Mais après l’accompagnement dont il a bénéficié à l'hôpital, il peut se sentir démuni lorsqu’il doit prendre en charge son traitement seul. Pour l’aider, des dispositifs se mettent en place. Par exemple, pour fluidifier le parcours du patient et valoriser le rôle de l’Idel, la start up Continuum plus a lancé le dispositif AKO@dom(1), pour les personnes sous thérapie orale anti-cancéreuse. « Nous avons constaté que quand les patients sont mis sous thérapie orale, aucun accompagnement spécifique ne leur est proposé et aucun partage d’information normalisé n’est prévu entre les différents professionnels de santé, explique Florence Ambrosino, IDE, co-fondatrice de Continuum plus et responsable des opérations cliniques et pédagogiques. Nous avons donc élaboré un parcours d’accompagnement du patient avec un scénario clinique précis proposé aux Idel et élaboré avec des oncologues et des pharmaciens. L’idée repose sur une alliance entre l’humain et le numérique. »
L’infirmière rend visite au patient, d’abord toutes les semaines, puis tous les quinze jours durant trois mois. Elle dispose d’un scénario clinique, d’un questionnaire de prise de constantes et d’un questionnaire d’observance. « Statistiquement, le pic des effets indésirables survient dans les six semaines. Nous encadrons les patients à ce moment-là. Au bout de trois mois, les effets indésirables diminuent et le patient sait alors les détecter », explique Florence Ambrosino.
L’Idel télécharge une application sur son téléphone, qui va l’aider en lui proposant des questions à tiroir. « Par exemple, l’application demande si le patient a des signes digestifs. Si non, elle passe à la question suivante, si oui, elle va dérouler : diarrhée, vomissements, etc. Puis, si la réponse est oui, elle va dérouler les grades. En face de chaque grade est indiquée la conduite à tenir : simple conseil infirmier, téléphoner au médecin traitant ou à l’oncologue. Tout ce que l’Idel entre dans l’application alimente une plateforme sécurisée, accessible à l’oncologue et au médecin traitant. Ainsi, ils peuvent avoir accès à tout le dossier et suivre, visite après visite, les effets indésirables chez le patient », détaille Florence Ambrosino. Un système de messagerie est aussi prévu au niveau de la plateforme et permet à l’Idel d’échanger avec l’oncologue, de déposer des résultats de bilan sanguin ou de prendre des photos. Ainsi, l’oncologue peut suspendre un traitement pendant quelques jours si les effets indésirables sont trop importants.
L’application permet aussi de faire des déclarations de pharmacovigilance, remontées directement au niveau du centre de pharmacovigilance. « Dès que le patient est inclus par l’oncologue dans le dispositif, nous contactons son pharmacien afin de lui expliquer la thérapie orale s’il ne la connaît pas et de lui envoyer l’ordonnance pour qu’il commande le produit. Ensuite, nous appelons l’Idel. Nous lui proposons une formation qui reprend les toxicités du traitement et les conduites à tenir, ainsi qu’une initiation à l’appli. Nous la rémunérons pour l’accompagnement du patient. Lors de la première visite, elle est accompagnée par une IDE d’appui, selon un système de compagnonnage, développe Florence Ambrosino. Nous appelons aussi le médecin traitant, qui souvent ne sait pas que son patient a été mis sous thérapie orale. Nous lui proposons d’accéder à la plateforme et lui envoyons la fiche de bon usage du médicament. Ce dispositif permet de former des professionnels de ville qui ne le sont pas usuellement et de les réintégrer dans un parcours d’accompagnement. Il permet aussi de faire le lien entre oncologue, médecin généraliste, pharmacien et infirmière libérale », note-t-elle.
1- Actuellement, le dispositif est mis en place en Grand-Est et dansles Hauts-de-France. Une soixantaine de patients ont déjà été inclus.