De l’écoute, enfin !

On ne sait plus comment crier notre alerte », exprimait au micro de la chaîne RTL une infirmière des urgences de l’hôpital Lariboisière, à Paris. Il en a fallu du temps pour que le cri d’alarme sur la situation des urgences, qui ne date pourtant pas d’hier - révélatrice des failles de tout le système de santé - soit pris en considération à sa juste mesure. Il a fallu une mobilisation exceptionnelle à l’échelle nationale (119 établissements mobilisés), en arriver aussi à des situations extrêmes conduisant à des arrêts maladie en nombre dans certains hôpitaux (les témoignages des infirmières concernées sont éloquents⁽¹⁾). Un électrochoc qui a, tout d’abord, suscité des propos culpabilisants de la part de la ministre Agnès Buzyn, retranchée derrière le plan « Ma santé 2022 » depuis le début du mouvement. Mais, à l’occasion du lancement de la mission « commando » sur les services d’urgence, selon ses propres termes, elle a tout de même reconnu que les solutions ne pouvaient pas être apportées uniquement par le texte en voie d’adoption, et que des mesures rapides et concrètes étaient nécessaires. La ministre organise à cet effet une large concertation invitant les grévistes à la table. Enfin ! Il y avait urgence. Car, pour certains soignants, de plus en plus nombreux, le point de non-retour est déjà franchi. D’ailleurs, cette crise nous interpelle bien plus largement, la dégradation des conditions de travail et le manque de reconnaissance étant des phénomènes généraux qui dépassent nos frontières (lire notre dossier sur la pénurie infirmière mondiale, p. 22 et l’actualité, p. 12). En France, le 2^e baromètre de la perception de la qualité des soins par les médecins et les infirmières⁽²⁾, révèle que les soignants sont majoritairement « moyennement engagés », contrairement à l’an dernier où ils étaient en majorité « très engagés ». Souhaitons que l’été soit un moment propice pour recharger les batteries !