Quand la civilisation n’est pas soin, elle n’est rien », annonce Cynthia Fleury, au début de ce « tract ». La philosophe et psychanalyste, qui a créé la première chaire de philosophie à l’hôpital de l’Hôtel-Dieu à Paris, nous invite, dans cette petite collection de chez Gallimard, à repenser la place qu’occupent les soins et la santé dans nos pays développés. Comment la philosophie permet-elle de les repenser, ici et maintenant, à l’heure où les crises, multiples, diffuses, se sont tant multipliées qu’elles deviennent l’état normal des choses, des Gilets jaunes à celle, plus récente, des urgences ? « Soigner, la chose est ingrate, laborieuse, elle prend du temps, ce temps qui est confisqué », poursuit la philosophe, lucide sur les conditions actuelles de travail des soignants. Mais sans humanisme, tranche-t-elle, le soin n’est plus que réparation. Dans une réflexion sur l’hôpital comme institution, sur les pratiques du monde soignant et sur les espaces de formation et d’échanges qui y sont liés, Cynthia Fleury invite à redonner sa juste place à la vulnérabilité, à considérer l’existence de tous comme un enjeu propre. Le but ? Promouvoir une vie sociale et politique fondée sur l’attention créatrice de chacun à chacun.
Le soin est un humanisme, Cynthia Fleury, Éd. Gallimard, 3,90 €