L'infirmière Magazine n° 406 du 01/07/2019

 

PARCOURSUP

ACTUALITÉS

FOCUS

ADRIEN RENAUD  

Les formations infirmières ont été le cursus le plus demandé sur Parcoursup. Un triomphe qui n’a pas été sans générer quelque mécontentement, quand les résultats sont tombés.

Pas moins de 539 117. C’est le nombre de « vœux » recueillis en avril dernier par l’ensemble des Ifsi sur Parcoursup. Ce résultat place les études infirmières au premier rang des cursus les plus demandés par les lycéens sur cette plateforme censée les orienter après le bac : les Ifsi rassemblent 9,6 % des vœux, loin devant les études de droit (deuxièmes avec 4,6 %).

Ces chiffres, communiqués par le ministère de l’Enseignement supérieur, de la recherche et l’innovation, n’étonnent pas les spécialistes. « Nous savions qu’il y aurait un nombre important de candidats », a expliqué, mi-mai, lors d’une conférence au Salon infirmier, Isabelle Bayle, cadre de santé formatrice et membre du Comité d’entente des formations infirmières et cadres (Cefiec). Pour cette professionnelle, qui a travaillé sur la mise en place de Parcoursup en région Grand-Est, l’afflux de candidats s’explique notamment par la disparition du concours. « C’est plus facile de s’inscrire, et de plus, c’est gratuit », note-t-elle, ajoutant qu’il s’agit d’une « bonne chose », car cela améliore, selon elle, le potentiel des futurs soignants.

Une casse importante

Mais tout le monde ne partage pas cette vision positive, car le nombre de vœux émis dépasse largement le nombre de places en Ifsi(1). Les lycéens pouvant faire plusieurs vœux et la procédure Parcoursup se prolongeant jusque mi-septembre, on ne peut pour l’instant pas connaître le nombre d’aspirants infirmiers qui seront finalement recalés. Mais les premières réponses, arrivées en mai, ont déjà fait naître quelques frustrations. « Je bouillonne », déclarait par exemple à La Dépêche, fin mai, la mère d’un jeune homme de 19 ans qui n’a été accepté dans aucun institut des régions de Toulouse ou de Bordeaux. Elle a décidé d’écrire au président de la République pour dénoncer ce qu’elle ressent comme une injustice(2).

En prépa Ifsi, c’est également la douche froide : la formation n’a, selon certains élèves, pas été suffisamment prise en compte lors de la sélection. « Nous nous sentons trahis car nous avons fait tout ce qui nous a été demandé pour montrer notre détermination », écrivait le 17 mai un groupe de mécontents dans une pétition mise en ligne sur la plateforme MesOpinions.com et signée par un millier de personnes(3). Que l’on soit recalé sur concours ou via un algorithme, la douleur semble être la même.

1 - 30 920, selon un arrêté publié au Journal officiel mi-avril.

2 - Lire aussi les réactions p. 16 et sur espaceinfirmier.fr (actualité du 22/05).

3 - À consulter sur : bit.ly/2EZjIY1