L'infirmière Magazine n° 406 du 01/07/2019

 

EXPRESSION LIBRE

Delphine Sassus  

Vice-présidente en charge des publications et de la culture à la Fnesi (Fédération nationale des étudiant.e.s en soins infirmiers)

Les soins infirmiers se construisent et se développent en permanence depuis des décennies. En s’inspirant de nos voisins européens ou de pays plus lointains, de nouvelles techniques sont venues enrichir nos pratiques : hypnose, acupuncture et tant d’autres méthodes que l’on voit de plus en plus entre les murs de nos établissements de santé.

Quoi de mieux pour des étudiants que de se former à l’étranger afin d’appréhender au mieux le système de soins français ? De nos jours, voyager est devenu plus facile, plus accessible. Les étudiants en soins infirmiers se saisissent de cette opportunité en réalisant des stages à l’étranger, bien que ces possibilités ne soient pas mises en avant dans tous les instituts de formation. Indéniablement, ils apportent une plus-value essentielle dans le cadre de notre apprentissage, où nous sommes quotidiennement sollicités sur nos capacités d’adaptation et de remise en question, par exemple via les analyses d’activités de soin qui nous sont demandées. Au-delà de l’apport pratique et théorique, c’est tout une ouverture d’esprit et une réflexivité que nous pouvons exploiter.

S’ouvrir à d’autres cultures revient à questionner la sienne : c’est en découvrant de multiples horizons médicaux-sociaux que le (futur) professionnel va remettre en question ses pratiques et ses représentations, afin d’alimenter ses réflexions sur la profession. Lors de nos stages, nous sommes parfois confrontés à des problématiques culturelles. Nous pouvons nous sentir démunis face à certains comportements, certaines pensées, certaines situations. De même, les conditions de vie et de travail de certains pays peuvent nous heurter. La misère et les difficultés rencontrées nous amènent à questionner nos pratiques occidentales. Ces situations que nous rencontrons nous font évoluer et nous donnent les outils nécessaires à notre future carrière. Les livres et les cours ne peuvent que nous aiguiller pour une prise en soins individuelle et adaptée. C’est en allant à la rencontre des populations que nous pouvons prétendre comprendre leur culture.

Nous acquérons jour après jour des compétences nouvelles, évoluant en corrélation avec la société dans laquelle nous vivons. Voyager pour mieux se former, c’est être acteur de sa formation en partant découvrir le monde. Le futur professionnel apprend à travailler avec de nouveaux acteurs et dans de nouvelles conditions. Il devient alors une ressource pour notre système de santé en y apportant un regard élargi. L’interprofessionnalité et le multiculturalisme sont les clefs d’un système solidaire et efficace et c’est à nous, futurs professionnels, de le prôner et de le développer.

Les étudiants en santé d’aujourd’hui sont les soignants de demain. Le système de soin français va évoluer et nous sommes les premiers concernés.