L'infirmière Magazine n° 407 du 01/09/2019

 

HOMÉOPATHIE

ACTUALITÉS

FOCUS

ADRIEN RENAUD  

La ministre de la Santé a annoncé début juillet que les médicaments homéopathiques seraient progressivement déremboursés, suivant en cela un avis rendu fin juin par la HAS.

En 2018, 1 163 médicaments homéopathiques étaient pris en charge à hauteur de 30 % par l’Assurance maladie, pour un montant qui a représenté 127 millions d’euros. En 2019, les chiffres seront similaires. Mais dès 2020, le taux de remboursement passera à 15 %, puis à 0 en 2021. C’est ce qu’a annoncé Agnès Buzyn au Parisien, le 9 juillet dernier. La ministre de la Santé se rangeait en cela à un avis de la Haute Autorité de santé (HAS), rendu le 28 juin. Au terme d’une minutieuse revue de la littérature scientifique, le gendarme de la santé y préconisait le déremboursement des granules en raison d’une « efficacité insuffisamment démontrée ».

Vingt-quatre affections concernées

Pendant neuf mois, c’est plus d’un millier d’études qui ont été dépouillées, dont 37 ont été jugées recevables au regard de critères tels que la population concernée ou la méthodologie utilisée. L’analyse a par ailleurs été enrichie par les dossiers des trois laboratoires producteurs de médicaments homéopathiques. Une dizaine de parties prenantes ont également été auditionnées. Vingt-quatre affections allant du saturnis me aux candidoses vaginales étaient concernées. « Pour ces 24 symptômes, nous n’avons pas trouvé de preuve d’efficacité », a résumé Mathilde Grande, chef du service de l’évaluation des médicaments à la HAS, lors de la conférence de presse où les résultats ont été dévoilés.

La règle, c’est la règle

Celle-ci a tenu à préciser que deux cas de figure se sont présentés : « D’une part, certaines études ne démontrent pas d’intérêt des médicaments homéopathiques en comparaison d’un placebo. D’autre part, certaines études suggèrent un effet, mais présentent des biais méthodologiques importants. » « La règle, c’est que pour être admis au remboursement, tout médicament, dispositif médical ou acte professionnel doit apporter la preuve de son efficacité », a rappelé Dominique Le Guludec, présidente de la HAS, lors de la même conférence de presse. Cette preuve n’étant pas mise en évidence par les études sélectionnées, la décision de la HAS est donc logique.

Sitôt cet avis connu, des responsables politiques, tels que Gérard Collomb ou Xavier Bertrand, avaient appelé la ministre à ne pas le suivre afin de préserver l’emploi dans leurs territoires, où des laboratoires homéopathiques sont implantés. Leurs efforts n’auront eu qu’un effet : retarder le déremboursement total, qui n’interviendra qu’au 1er janvier 2021. Un délai qui doit « laisser le temps aux industriels de s’organiser », a indiqué Agnès Buzyn au Parisien.