IDE PUÉRICULTRICES
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Lors des Journées d’études de l’ANPDE (1), qui ont eu lieu du 12 au 14 juin à Bordeaux, les interventions publiques et témoignages ont souligné le rôle central de l’IDE puéricultrice des structures d’accueil de la petite enfance dans la prévention des inégalités sociales.
Placer la prévention au cœur des métiers de la petite enfance et des politiques publiques, telle est la volonté du gouvernement, a fait savoir Olivier Noblecourt lors des Journées d’études de l’ANPDE. Le délégué interministériel à la prévention et à la lutte contre la pauvreté des enfants et des jeunes a rappelé que le plan stratégique qu’il pilote a été conçu afin que « l’accueil social puisse mieux bénéficier aux enfants en situation de pauvreté ».
Il a aussi cité la première étude française sur les inégalités de développement des enfants de 2 ans au regard de leur environnement familial (2), qui souligne d’importants écarts de développement langagier des enfants de 2 ans selon le milieu socio-économique de leurs parents. Des écarts qui se réduisent quand ils fréquentent un mode de garde extérieur. La mise en place d’un « bonus mixité », d’une enveloppe annuelle supérieure à 60 millions d’euros, permettra d’accorder des financements plus importants aux établissements d’accueil de la petite enfance pratiquant la mixité sociale.
Deux intervenantes ont apporté la preuve que cette politique de mixité sociale porte ses fruits. Vanessa Mahé, infirmière puéricultrice référente et directrice de crèche, et Christel Maillé, éducatrice de jeunes enfants et coordinatrice, ont présenté le fonctionnement des douze crèches de l’association IEPC. Rompant avec la logique d’attribution de place aux parents qui exercent un emploi, les structures de l’Institut d’éducation et de pratiques citoyennes réservent 50 % de leurs places à des familles en insertion. Celles-ci signent avec la crèche un contrat d’accueil, valable trois mois et renouvelable une fois. Les parents s’y engagent à rechercher activement un emploi. Un chargé d’insertion professionnelle, salarié par l’association, les accompagne dans leurs démarches. Il est demandé aux familles de justifier leur recherche d’emploi ou de formation. Un contrat non tenu peut être rompu.
Les horaires d’accueil de ces crèches sont assez larges (en général de 6 h 30 à 18 h 30) pour répondre aux conditions de travail, notamment la flexibilité des horaires. 85 % des parents d’enfants accueillis dans les crèches de l’IEPC, à la recherche d’une activité professionnelle, concrétisent leur projet, qu’il s’agisse d’accéder à un emploi ou à une formation. Parallèlement, 80 % des familles rencontrant des difficultés de logement, de surendettement ou d’accès aux droits résolvent, complètement ou partiellement, ces problèmes. Christel Maillé a souligné la transformation physique des mères concernées : « Nous les voyons au début arriver tête baissée, comme honteuses. Peu à peu, elles se redressent, se maquillent. Leur fierté rejaillit sur les enfants. » L’évolution des enfants accueillis dans les structures de l’IEPC est notable pour Vanessa Mahé : « Nous observons un bien-être grandissant chez eux, lié au changement de rythme familial, avec des parents adoptant un autre mode de vie, en menant une activité rémunérée ou une recherche d’emploi. »
1- Association nationale des puéricultrices(teurs) diplômé(e)s et des étudiant(e)s.
2- Sébastien Grobon, Lidia Panico, Anne Solaz, « Inégalités socio-économiques dans le développement langagier et moteur des enfants à 2 ans », Bulletin d’études épidémiologique, 8 janvier 2019.
→ Afin d’étendre le mode d’accueil collectif à un nombre plus important d’enfants, un « bonus territoire » a été mis en place, permettant d’augmenter la capacité d’accueil de ces structures.
→ Olivier Noblecourt a annoncé aux journées de l’ANDPE que 70 millions d’euros allaient être engagés sur trois ans dans un plan de formation continue des 600 000 professionnels de la petite enfance. Objectif : améliorer la qualité de l’accueil des enfants, pour mieux prendre en compte leur développement social et affectif.
→ L’attention aux plus vulnérables est aussi au cœur des propositions formulées dans le rapport « Pour sauver la PMI, agissons dès maintenant », dirigé par Michèle Peyron. Il insiste sur la nécessité de systématiser le bilan de santé des enfants en école maternelle. Il préconise en outre la cotation des activités de prévention des puéricultrices de PMI. Un rapport remis au même moment par Stéphanie Rist propose que les infirmières puéricultrices puissent être choisies par les familles comme référentes du parcours de santé de leur enfant, au même titre que les médecins de PMI.