L’été 2019 restera exceptionnel dans bien des esprits, et pas seulement en raison des intenses canicules. Que ceux qui imaginaient un essoufflement du mouvement de grève des urgences pendant la période estivale passent leur chemin. C’est tout le contraire qui s’est passé, puisque le nombre de services encore mobilisés s’élève à 218 d’après le collectif Inter-urgences (lire p. 6). Un mouvement exemplaire par sa détermination et ses capacités d’organisation, comme on en a rarement vu dans le milieu de la santé, et même au-delà.
De tous les dossiers de cette rentrée ministérielle bien chargée - réforme des retraites, PMA, plan pour les Ehpad, PLFSS(1), etc. - la grève des urgences est le premier auquel Agnès Buzyn doit s’atteler, mais aussi le plus épineux. Les urgentistes ont bien montré qu’ils ne lâcheraient rien. Et il y a fort à parier qu’ils ne baisseront pas la garde tant que les moyens réclamés - des effectifs ! - ne seront pas satisfaits. Sans doute, le rapport commandé en septembre au Pr Pierre Carli et au député Thomas Mesnier (LREM), permettra d’explorer des solutions à différents niveaux, organisationnel, entre autres. Il s’agira, par exemple, de mieux contrôler l’accès aux urgences et l’on regarde du côté du modèle danois, qui impose de contacter un numéro spécifique avant de s’y rendre. Mais la question des effectifs reste entière dans nombre d’hôpitaux français. Il ne s’agit pas seulement de créations de postes, mais aussi d’attractivité. Le magazine Le Point, dans son palmarès 2019 des hôpitaux et cliniques, précise que près de 800 postes de médecins sont à pourvoir… Les causes de la crise sont multifactorielles et la solution ne peut être à l’économie. Veut-on encore un système de santé performant ? Telle est plus largement la question.
1- Projet de loi de financement de la Sécurité sociale.