AGNÈS BUZYN PROPOSE MAIS NE CONVAINC PAS - L'Infirmière Magazine n° 408 du 01/10/2019 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 408 du 01/10/2019

 

CRISE DES URGENCES

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FOCUS

ADRIEN RENAUD  

La ministre a présenté en septembre un « pacte de refondation des urgences », en 12 mesures. Une annonce qui n’a pas éteint la grève, qui touche les établissements publics depuis mars.

754 millions d’euros sur trois ans. C’est la somme mise sur la table par la ministre de la Santé dans le cadre de son « pacte de refondation des urgences », présenté le 9 septembre dernier. Celui-ci contient 12 mesures, qui portent à la fois sur l’amont des urgences, leur organisation interne et l’éternel problème de l’aval.

Concernant l’amont, on retiendra principalement la création d’un service d’accès aux soins (SAS), destiné à « répondre à toute heure à la demande de soins des Français », selon les mots d’Agnès Buzyn, citée par l’agence APMNews. Piloté par les Samu et par les libéraux, le SAS absorbera à lui seul 340 des 754 millions promis par la ministre. Il doit permettre d’orienter les patients par téléphone ou en ligne : conseil, téléconsultation, vers une consultation sans rendez-vous ou, si besoin, vers les urgences…

Plus d’IPA, plus de MMG, moins d’intérimaires

En plus du SAS, Agnès Buzyn a annoncé une série de dispositions pour renforcer l’attractivité des alternatives aux urgences : pas moins de 50 maisons médicales de garde (MMG) supplémentaires devront en principe être installées à proximité des services d’urgence d’ici la fin de l’année. Le pacte propose par ailleurs de permettre un accès direct à certains professionnels libéraux non médecins, avec, notamment, la prise en charge des lombalgies aiguës et des entorses de cheville par les masseurs-kinésithérapeutes, dans le cadre de protocoles de coopération.

Au sein même des services d’urgence, le pacte ministériel reprend les annonces déjà effectuées fin août concernant la création du métier d’infirmière de pratique avancée (IPA) urgentiste, ainsi que l’accélération des protocoles de coopération permettant de donner de nouvelles fonctions aux infirmières des services d’urgence. Il prévoit enfin des mesures pour renforcer le contrôle de l’intérim médical, de façon à le rendre moins attractif. Et pour régler l’éternelle question des lits d’aval, la ministre prévoit de créer des cellules de gestion interne des lits dans les groupements hospitaliers de territoire (GHT). Cette dernière mesure sera financée à hauteur de 105 millions d’euros.

Accueil glacial

Mais le moins que l’on puisse dire, c’est que ces propositions ont reçu un accueil mitigé chez les grévistes. « La ministre ne répond pas à nos revendications sur les salaires et les effectifs », déplore Hugo Huon, à la tête du collectif Inter-urgences, qui coordonne la grève. « Les 754 millions d’euros seront pris ailleurs, sur le dos d’autres services, car on raisonne à enveloppe fermée. On ne fait que déplacer la charge de travail. » Et l’IDE de crier au « mépris » envers les soignants. « Face au manque d’attractivité de nos métiers, la ministre ne répond rien aux AS, propose des protocoles de coopération (qui peuvent être un piège) et les pratiques avancées (qui sont une coquille vide) aux IDE et n’annonce aucune mesure incitative pour les médecins. » De fait, deux jours après les annonces d’Agnès Buzyn, le collectif reconduisait la grève. Il recensait mi-septembre 255 services mobilisés… soit tout de même près de la moitié de ceux que comptent les établissements publics.