RENCONTRE AVEC
CARRIÈRE
PARCOURS
“Ce que j’ai trouvé formidable, c’est d’avoir pu mettre de la théorie sur ma pratique de formatrice”
Directrice des soins au CHU de Nantes, Nathalie Alglave assure la mission de coordinatrice du département des instituts de formation du CHU de Nantes et coordonne le diplôme d’IPA à l’université, avec un professeur en oncologie. Docteure en éducation, rattachée à deux laboratoires, elle résume ainsi sa démarche : « J’essaie de développer de la recherche dialogique entre les sciences infirmières et celles de l’éducation, et de l’innovation pédagogique par des outils innovants. »
→ Une thèse aux multiples débouchés. La thèse qu’elle a obtenue en 2016, au Québec, mêle ces deux disciplines. Il s’agissait d’expérimenter un nouveau dispositif d’ETP pour les patients atteints de diabète de type 2. Cette recherche s’appuie sur le concept d’« approche de soins fondée sur les forces » (1). Le dispositif élaboré par Nathalie Alglave valorise les appétences des patients et les forces qu’ils peuvent mobiliser pour vivre au mieux leur maladie. Celle-ci n’est pas abordée sous l’angle des dysfonctionnements mais de manière positive, en mettant en avant les apprentissages individuels qu’elle induit et la notion même de santé dans la maladie. Lors des séances d’ETP, une place importante est accordée au collectif de patients, qui élaborent des objectifs simples. Quand ils parviennent à les atteindre, une fois chez eux, ils peuvent s’en fixer de nouveaux, plus complexes. L’approche à la fois quantitative et qualitative de cette recherche a permis de démontrer l’efficacité de ce dispositif. Nathalie Alglave utilise ce travail pour ses recherches actuelles et dans son activité d’enseignement : « J’emploie l’approche en sciences infirmières mobilisée dans ma thèse dans les enseignements auprès des IPA. C’est également quelque chose que je souhaite mobiliser en formation initiale infirmière. Nous allons y travailler avec un groupe de formateurs. »
→ Autonomes avec le VIH. Le goût pour l’éducation remonte à ses débuts dans la profession. À l’aube des années 1990, Nathalie Alglave travaille dans un service de dermatologie-vénérologie à Valenciennes. Ce sont les années des premiers patients atteints par le VIH. Ceux-ci s’organisent en associations faisant entendre leur voix face à des pouvoirs publics et sanitaires dépassés par le virus qui les décime. Aucun remède n’est encore découvert. L’infirmière travaille alors avec ces patients « afin qu’ils puissent être autonomes dans la prise effective de leur traitement. Les patients se sont emparés de dispositifs étatiques dans les associations de patients. Ils ont été impulseurs dans cette démocratie sanitaire. J’ai beaucoup apprécié. On pouvait enfin rompre avec la toute-puissance du soignant. » L’éducation est aussi présente avec l’encadrement de ses jeunes collègues. Très tôt, l’infirmière veut rendre ce qu’on lui a donné quand elle était étudiante. « J’ai eu la chance de rencontrer des belles personnes. Des professionnelles qui avaient à cœur de faire passer leur profession avec émotion aux jeunes infirmières que nous étions. »
→ Allier théorie et pratique. Tutrice, elle devient cadre de santé. Mais l’envie d’en savoir plus est là. Elle poursuit, en parallèle de sa formation de cadre, des études en éducation de la santé. « Ce que j’ai trouvé formidable, c’est d’avoir pu mettre de la théorie sur ma pratique de formatrice, explique-t-elle. J’ai pu faire émerger des projets en santé publique, en santé communautaire avec les étudiants, grâce à mes études universitaires. J’ai vraiment perçu l’intérêt de me placer dans une dynamique universitaire au service des étudiants et même des professionnels de santé. » La discipline intellectuelle liée à la recherche facilite également l’exercice de l’écriture et de conceptualisation nécessaires au quotidien, notamment pour répondre à des appels d’offres. Nathalie Alglave s’est constitué un réseau d’enseignants-chercheurs, dans un champ de discipline élargi : « Ils permettent d’accompagner les étudiants du diplôme d’IPA pour leur mémoire de recherche. C’est important de pouvoir s’adapter à l’objet de recherche qu’ils ont choisi. »
1- Élaboré par Laurie Gottlieb, professeure en sciences infirmières à l’université McGill, au Québec.
1985-1988 : diplômée infirmière.
1998-1999 : formation de cadre de santé et licence en sciences de l’éducation à Lille-III.
1992-2005 : cadre de santé formatrice à Valenciennes.
2008 : formation de directrice des soins à l’EHESP.
2008-2012 : directrice des soins à La Roche-sur-Yon (85) puis Châteaubriant (44).
2011-2016 : doctorat en sciences de l’éducation à l’université de Sherbrooke, au Québec, (en partenariat avec l’Université catholique de l’Ouest d’Angers).
2018 : responsable pédagogique, diplôme d’État d’IPA à l’université de Nantes (faculté de médecine).