L'infirmière Magazine n° 409 du 01/11/2019

 

SAUVLIFE

SUR LE TERRAIN

ON A ESSAYÉ

JULIEN MARTINEZ  

Infirmier en psychiatrie, Lyon (69)

Vous connaissez le 18, vous avez le réflexe du 15, mais savez-vous que des applications peuvent aider à sauver des vies ? C’est l’ambition de SauvLife.

LE PRODUIT

Pensée par un médecin urgentiste, l’application SauvLife est née d’un constat alarmant : on ne masse pas assez vite face à un ACR, et le temps de no flow est dramatiquement long. Partant de là, il imagine une réponse numérique. Comment ça marche ? Imaginez que vous êtes installé dans votre canapé quand soudain, l’appli s’active : il se passe quelque chose près de vous. Vous foncez. Juste en bas de votre immeuble une personne est étendue sur le sol… elle ne respire plus. Les badauds ont appelé les secours, mais personne ne sait vraiment quoi faire(1). Arrivé sur place, vous commencez à masser en attendant les secours. Telle est la prétention de SauvLife : mobiliser des « citoyens sauveteurs », qu’ils soient infirmiers, médecins, secouristes ou simples citoyens volontaires, pour aider à sauver des vies.

L’AVIS DU PROFESSIONNEL

Un design clair, une carte qui permet de trouver le défibrillateur le plus proche et la possibilité d’appeler les secours avec un bouton, voilà en quelques mots les possibilités de SauvLife. Lors de l’inscription, une fois vos compétences (médecin, infirmière…) renseignées, vous devez accepter la géolocalisation (c’est sur ce principe que fonctionne l’appli). Ensuite, le déroulé est très simple : dès réception d’un appel, la régulation (15 ou 18) active SauvLife. Le « sauveteur » se situant à moins de dix minutes à pied de la personne en arrêt cardiaque reçoit une notification. Une fois sur place, il prévient la régulation et peut commencer à porter les premiers secours. Les citoyens volontaires non formés aux gestes d’urgence sont guidés à distance par le médecin régulateur. En plus d’alerter, cette application bien pensée permet aussi, grâce à un algorithme plus fin, d’organiser les secours. On peut avoir, par exemple, plusieurs personnes qui massent tandis que d’autres sont missionnées pour aller chercher un défibrillateur. Quand on sait que le taux de survie lors d’un ACR est directement lié au temps de no flow de la victime, on se dit que tous les moyens sont bons pour réduire les délais entre l’arrêt cardiaque et le début du massage. L’application mérite son succès et sera d’ailleurs évaluée dans les prochains mois. Une étude devrait permettre de savoir si elle a un impact sur la prise en charge des victimes d’un arrêt cardio-respiratoire en extra-hospitalier.

1 - Selon une enquête Ifop pour la Croix-Rouge de mai 2017, 61 % des Français n’ont pas le réflexe immédiat de pratiquer un massage cardiaque dans cette circonstance.

FICHE TECHNIQUE

→ Téléchargeable gratuitement sous iOS et Android.

→ Carte des départements où l’application est fonctionnelle et autres actualités sur : https://sauvlife.fr

Les +

- Interface simple et claire.

- Un développement important (jusqu’à deux ou trois nouveaux départements concernés par l’appli chaque mois) et un soutien des régulations.

- Un nombre croissant d’usagers (jusqu’à 275 000 selon les derniers chiffres).

- Possib

ilité de signaler des lieux qui possèdent des défibrillateurs automatiques pour qu’ils soient indiqués sur la carte.

Les -

- D’autres applications existent, il ne faudrait pas que l’efficacité de l’appli soit diluée par trop d’offres.

- L’efficience de l’appli dépend du nombre d’usagers qui l’utilisent sur le territoire.