L'infirmière Magazine n° 409 du 01/11/2019

 

ÉDITORIAL

HÉLÉNE TRAPPO  

RÉDACTRICE EN CHEF

Comment sortira-t-on de la crise qui traverse les urgences et, plus largement, l’hôpital ? Qui des deux protagonistes, ministre de la Santé, collectifs et autres syndicats, usera l’autre ? Une chose est sûre : la ténacité des professionnels de santé, de plus en plus nombreux à se mobiliser, est révélatrice d’une situation unanimement jugée catastrophique. Le mois d’octobre a vu plusieurs syndicats de personnels hospitaliers - le collectif Inter-urgences, le collectif Inter-hôpitaux, le Printemps de la psychiatrie… - se retrouver autour de revendications communes : obtention rapide d’effectifs dans les établissements, reconnaissance salariale et professionnelle… Une action inédite, l’arrêt du codage organisé par le collectif Inter-hôpitaux, regroupant des médecins, a frappé en haut lieu. Face à cela, le gouvernement oppose, depuis juin, une stratégie qui consiste à apporter des réponses graduées et à desserrer l’étau financier au compte-gouttes, faisant à la fois montre de compréhension et de rigueur. En juin, il y a eu la prime de 100 € (au lieu des 300 € revendiqués) puis la reconnaissance, il y a peu, par la ministre d’un « problème de rémunération à l’hôpital », des enveloppes (15 millions en juin pour les urgences et un pacte de refondation à 754 millions) mais aussi l’annonce d’un Ondam(1) à 2,1 % qui inquiète… Est-ce un effet de la prochaine mobilisation du 14 novembre ? Alors que Thomas Mesnier annonçait le 15 octobre qu’il n’y aurait pas d’autre plan en faveur de l’hôpital, arguant que les réformes avaient été engagées, la ministre promettait une semaine plus tard « un plan de soutien pour l’hôpital public » pour novembre… Au menu : « un meilleur investissement courant » dans le quotidien des soignants, forme de reconnaissance du besoin de travailler dans des conditions acceptables(2), et une revalorisation des salaires en début de carrière. Reste à savoir quel sera le montant de l’enveloppe.

1 - Objectif national des dépenses d’Assurance maladie.

2 - C’est-à-dire pouvoir travailler avec des nouveaux matériels, en bon état.