HYGIÈNE ET SÉCURITÉ
SUR LE TERRAIN
MON QUOTIDIEN
PASCALE CHAIZE* LISETTE GRIES**
*CADRE HYGIÉNISTE AU CHU DE MONTPELLIER (34), VICE-PRÉSIDENTE DE LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE D’HYGIÈNE HOSPITALIÈRE (SF2H)
À l’approche des fêtes de fin d’année, les soignants, comme les familles des patients, peuvent avoir envie d’ajouter une touche de décoration dans les services parfois austères des hôpitaux. Pour autant, pour que la fête ne tourne pas au vinaigre, le respect de quelques principes d’hygiène s’impose. « Ce sont en réalité les mêmes règles que le reste de l’année, qui peuvent varier d’un service à l’autre, mais il faut les appliquer autant que d’habitude », explique Pascale Chaize, cadre hygiéniste au CHU de Montpellier (34) et vice-présidente de la Société française d’hygiène hospitalière (SF2H).
Les équipes sont encouragées à être particulièrement vigilantes aux envies de décoration des familles. « Pour les stickers aux fenêtres, il n’y a pas de problème, même dans les services qui accueillent des personnes immunodéprimées sévères, tant qu’ils sont lessivables par un détergent », rassure Pascale Chaize. Pour les arbres de Noël, mieux vaut éviter les sapins en pot, dont la terre est un vecteur potentiel de germes. Les arbres coupés placés dans les couloirs des services de médecine et chirurgie ne posent en revanche pas de problèmes d’hygiène. « Dans les chambres ou les couloirs, des guirlandes simples, des boules de Noël, etc., peuvent être installées sans poser de risque. En faisant attention, tout de même, à ne pas soulever les plaques de faux plafond pour glisser les guirlandes, car celles-ci peuvent contenir des Aspergillus, champignons pathogènes qui peuvent se répandre ensuite dans l’environnement. » Pour éviter ce même risque, il faut éviter de faire entrer des objets en carton ondulé dans les services d’immunodéprimés (cadeaux, boîtes décoratives, etc.). « Les mêmes précautions s’imposent pour les bureaux de consultation ou dans les salles de préparation des soins, termine Pascale Chaize. Ailleurs, on peut être un peu plus fantaisiste. »
Risque incendie
→ Les décorations de Noël peuvent aussi poser un risque en matière d’incendie. « Mieux vaut se passer de guirlande lumineuse », avertit Pascale Chaize. Les contacts électriques défectueux présentent un vrai danger. Elle conseille en outre de faire attention à l’emplacement des décorations. « On a tendance à placer l’arbre de Noël dans un coin du couloir avec peu de passage, mais il faut s’assurer de ne pas obstruer la porte de secours. » Les bouches de sécurité incendie doivent rester pleinement accessibles, et les portes coupe-feu pouvoir se rabattre sans obstacle.
→ Enfin, si les soignants souhaitent utiliser des bombes de peinture décorative, ils devront être très attentifs aux matières projetées. Certaines, comme la neige artificielle ou les cheveux d’ange, sont hautement inflammables.
→ Référez-vous aux règles d’hygiène et de sécurité en vigueur dans le service ou l’unité. On peut autoriser plus de fantaisie à l’accueil de l’hôpital ou dans des bureaux qui ne reçoivent pas de patients.
→ Pensez aux décorations facilement lavables : boules de Noël, stickers aux fenêtres, guirlandes simples… Les arbres en pot sont à proscrire.
→ Vérifiez que les décorations ne présentent pas de risque incendie (voir ci-dessous) et que les sorties de secours sont accessibles.
→ Rappelez les consignes d’hygiène aux visiteurs : friction des mains avec une SHA, port du masque si toux, report des visites en cas d’infection…
→ Si les proches veulent apporter de la nourriture au patient, vérifiez la compatibilité avec le régime alimentaire prescrit et insistez sur les règles de conservation, surtout s’il y a des éléments à garder au frais.
Une piqûre de rappel sur le bon usage de la solution hydro-alcoolique.
Pourquoi ? En fin d’année, les visites se font un peu plus nombreuses : les proches sont de passage en famille pour Noël, tristes de savoir le patient à l’hôpital pour les fêtes ou plus disponibles car en congé… « C’est compréhensible, mais il faut observer quelques règles d’hygiène, surtout en ces périodes hivernales propices à la propagation des virus », rappelle Pascale Chaize.
Comment ? Aussi, le personnel soignant a intérêt à régulièrement rappeler aux proches l’importance de se frictionner les mains avec de la solution hydro-alcoolique. « On peut expliquer que les distributeurs dans les chambres sont à disposition de tous et pas seulement des agents hospitaliers, que les SHA sont absolument sans danger pour la peau », suggère l’experte. Mieux vaut aussi conseiller aux familles de décaler leur visite en cas de rhume ou d’infection, à plus forte raison si elles ne sont pas vaccinées contre la grippe saisonnière. Enfin, les enfants ne sont en principe pas plus admis en période de Noël que le reste de l’année. « Si de jeunes enfants viennent quand même à l’hôpital, il faut les protéger des germes en les laissant dans leur poussette ou debout dans la chambre plutôt que sur le sol avec des jouets », conclut-elle.