L’ordre national infirmier a dévoilé mi-novembre son livre blanc. Au menu, 26 propositions et un seul objectif : élargir le champ de compétence de la profession.
En présentant son « livre blanc de la profession infirmière »(1) le 8 novembre dernier à la ministre de la Santé, l’Ordre national des infirmiers (ONI) bouclait un travail de longue haleine. Ce document est en effet l’aboutissement de la grande consultation infirmière menée par l’Ordre depuis le mois de février, qui a mobilisé 20 000 répondants sur Internet et qui a fait l’objet d’une quinzaine de forums régionaux. Mais le livre blanc est surtout, selon les mots de Patrick Chamboredon, président de l’ONI, un outil permettant de « porter la voix de la profession ».
Et si l’on en croit l’Ordre, cette voix a un cri à pousser. « Cette consultation a mis en évidence le blues de la profession, ce qui ne nous a pas surpris, indique Patrick Chamboredon. Soutenir les diverses manifestations que l’on observe en ce moment n’entre pas dans les prérogatives de l’Ordre, mais nous y sommes sensibles et tentons de faire remonter ce manque de reconnaissance. » Et puisque l’Ordre ne peut pas s’aventurer sur le terrain de la reconnaissance financière, il joue la carte de la reconnaissance professionnelle.
C’est ainsi que le livre blanc regorge de propositions appelant à donner de nouvelles prérogatives aux infirmières. Il en appelle par exemple à « reconnaître pleinement la consultation infirmière » : six propositions ont trait à ce sujet, avec par exemple une consultation infirmière dédiée aux patients chroniques, soutenue par 94 % des répondants à la grande consultation. L’élargissement du rôle de prescription des infirmières est également abordé, avec entre autres la prescription du matériel nécessaire à l’autonomie, soutenue par 92 % des répondants. D’autres propositions portent sur le rôle infirmier en matière de qualité des soins (avec, par exemple, la collecte de sécrétions sans prescription médicale, en prévision d’analyses biologiques), de prévention (avec notamment la création d’une consultation infirmière dédiée à ce sujet), ou encore sur le statut des professionnels (avec entre autres l’abrogation du statut d’auxiliaire médical pour que l’infirmière soit reconnue « comme professionnelle de santé à part entière »).
Bien sûr, à toutes ces propositions, bien des infirmières préféreraient une augmentation salariale. Mais ceci est une autre histoire. « L’Ordre n’a pas vocation à parler d’argent, répète le président de l’ONI. Mais en revalorisant nos compétences, on peut faire évoluer les choses. » Il n’est pas interdit d’espérer.
1 - À télécharger sur le site de l’ordre national infirmier : bit.ly/2XgkhEA