L'infirmière Magazine n° 410 du 01/12/2019

 

FORMATION

CAS CLINIQUE

C.M.  

Grâce à la réactivité de ses collègues et de l’urgentiste, une patiente victime d’un AVC au travail a bénéficié d’une prise en charge optimale par une unité neurovasculaire.

L’HISTOIRE

→ Géraldine D., 58 ans, employée de La Poste, n’a jamais été hospitalisée si ce n’est pour ses trois grossesses. Depuis une dizaine d’années, elle a pris régulièrement des kilos et présente un surpoids (IMC à 29), une obésité abdominale (tour de taille 95 cm). Elle ne pratique pas d’activité physique.

→ Elle est traitée pour une hypercholestérolémie et une hypertension artérielle, a priori mal contrôlée.

→ Il est 10h du matin quand elle s’affaisse brutalement sur son siège au travail et glisse sur le sol. Elle a la bouche déformée, ressent une faiblesse sur tout le côté gauche du corps. Un collègue l’allonge en décubitus latéral tandis qu’un autre appelle le Samu.

PRISE EN CHARGE

Une orientation réfléchie

Le médecin urgentiste questionne très précisément la patiente et son entourage, constate une hémiplégie gauche et une amputation du champ visuel. Via la régulation du Samu, il entre en contact avec un neurologue de l’unité neurovasculaire la plus proche. L’heure de survenue de l’AVC (le matin) et le tableau clinique sont des critères d’éligibilité à une intervention endovasculaire type thrombolyse intraveineuse ou thrombectomie. La décision est prise de l’orienter vers une unité neurovasculaire qui pratique ces deux techniques de désobstruction du déficit cérébral.

Des examens d’imagerie décisifs

Mme D. est accueillie aux urgences vers 11h30 pour un relevé des constantes et un bilan biologique, puis est aussitôt transférée dans le service d’imagerie qui a été prévenu. Le scanner cérébral diagnostique un AVC ischémique avec occlusion de l’artère cérébrale moyenne. Il est complété par une IRM cérébrale qui montre une zone bien circonscrite d’ischémie et de pénombre. Il est donc décidé, avec l’accord de la patiente, de pratiquer une thrombolyse et une thrombectomie, ce qui devrait améliorer le pronostic de l’AVC et limiter les séquelles (lire p. 38).

L’intervention est réalisée sous anesthésie générale. La patiente est ensuite placée sous étroite surveillance afin de repérer d’éventuelles complications.

La prise en charge post-AVC

Des explorations (échocardiographie, échographiedoppler des carotides…) sont réalisées pour rechercher la cause de l’AVC. Il est constaté une sténose des carotides modérée, due à des plaques d’athérome. Peu de temps après, Mme D. récupère complètement sa vision, la mobilité et la sensibilité du bras gauche. Elle reste handicapée au niveau de la jambe gauche et est hospitalisée en service de soins de suite et rééducation (SSR). Dans le cas de Mme D., l’objectif est de récupérer au maximum la motricité du membre défaillant mais aussi d’adopter une hygiène de vie plus saine, afin d’éviter la formation de nouvelles plaques d’athérome.

1. Une rééducation quotidienne à la marche lui permet d’améliorer la mobilité de la jambe gauche.

2. Des consultations et des ateliers diététiques lui permettent d’analyser ses habitudes alimentaires et d’envisager des changements. Elle comprend vite qu’elle doit introduire des légumes et des fruits dans son alimentation, éviter les aliments riches en matière grasse et, surtout, diminuer ses portions.

3. Une réévaluation de son traitement antihypertenseur est faite. La patiente est sensibilisée à la nécessaire observance de son traitement, qu’elle avait tendance à négliger.

4. Des activités sportives de type gymnastique et marche sont proposées au sein de la structure. Mme D. semble avoir pris conscience de la nécessité de la prévention, de façon à éviter une récidive d’AVC.