L'infirmière Magazine n° 412 du 01/02/2020

 

RENCONTRE AVEC

CARRIÈRE

PARCOURS

L.G.  

“Le programme de l’école d’Iade est intense, mais l’effort vaut le coup : on comprend vraiment ce que l’on fait et pourquoi on le fait.”

Au début de sa carrière d’infirmier, Adrien Jaloux n’envisageait pas de se spécialiser en anesthésie. « J’ai d’abord découvert la salle de réveil, ou salle de surveillance post-interventionnelle (SSPI), lors d’un stage effectué à l’Ifsi. Un poste s’est ouvert rapidement, et j’ai été pris », se souvient-il. Il travaille alors dans une clinique, qui pratique des interventions relativement légères. « La structure était assez petite, et nous étions physiquement proches du bloc opératoire : c’est là que j’ai découvert l’anesthésie. » Au bout de trois ans, il postule en réanimation. « J’ai finalement choisi de m’orienter vers une autre SSPI, adossée à un bloc opératoire plus important, car cette salle de réveil assurait aussi l’accueil du déchocage », explique Adrien Jaloux. Les patients opérés qui transitent par cette SSPI ont subi une intervention de chirurgie céphalique, souvent de neuro-chirurgie. Ces opérations nécessitent une anesthésie prolongée, et les patients sont ensuite amenés à séjourner plusieurs heures en SSPI. « La salle de réveil, c’est l’aboutissement de l’anesthésie… J’ai eu envie de mieux comprendre ce qui se passait en amont, d’approfondir mes connaissances », détaille-t-il. Les deux ans d’études à l’école d’Iade répondent à ses attentes. « Le programme est intense, mais l’effort vaut le coup : on comprend vraiment ce que l’on fait et pourquoi on le fait. Grâce à tous ces apports théoriques, on peut travailler ensuite en toute sécurité », apprécie-t-il.

→ Force de proposition. Depuis son diplôme en 2016, il exerce au sein d’un bloc central, qui concentre plusieurs spécialités chirurgicales. Le quotidien est donc tout sauf monotone. Même au sein des spécialités, les interventions sont très différentes, et peuvent aller d’une quinzaine de minutes à sept ou huit heures de long. « J’apprécie cette flexibilité, qui me permet de mettre en pratique ce que j’ai appris pendant mes études. » Son expérience professionnelle en tant qu’IDE lui assure aussi de savoir jongler avec cette variété de cas, de prendre en charge plusieurs patients à la suite ou de rester concentré sur un seul pendant plusieurs heures, avec le même professionnalisme.

Dans le binôme formé avec le médecin anesthésiste-réanimateur, Adrien Jaloux s’épanouit. « Quand on s’entend bien, la communication est facile. Chacun connaît son rôle, et en cas de complication, on peut être efficace, dans le calme. C’est très appréciable », souri-t-il. Le métier d’Iade lui permet aussi de travailler en relative autonomie et d’être force de proposition, deux aspects qui lui correspondent bien. « Même si l’on est un Iade par salle, on s’inscrit dans un collectif de travail, pondère-t-il. Au bloc, on ne fait que se croiser, mais l’esprit d’équipe reste présent. »

Avec les équipes chirurgicales, Adrien Jaloux a à coeur de développer ce même esprit de corps. « Avec les Ibode, il s’agit de davantage se coordonner, pour l’installation du patient, par exemple, et pour l’anticipation de l’intervention. En cas d’urgence, s’il n’est pas nécessaire de parler avec le médecin anesthésiste pour agir efficacement, il faut, en revanche, plus de communication verbale avec les Ibode et les chirurgiens, ne serait-ce que pour annoncer les évolutions des constantes du patient », précise-t-il.

→ Ouverture vers la recherche. Dans les prochaines années, le jeune Iade pourrait bien s’impliquer dans des programmes de recherche. « C’est un monde que j’ai découvert à l’occasion du master et que je trouve très intéressant. » Mais pour l’heure, les Iade doivent encore obtenir l’aval de leur encadrement pour se dégager du temps à consacrer à la recherche. « En attendant, je mène une veille active sur les travaux qui sont menés, à travers mon implication dans la commission Iade de la Sfar (Société française d’anesthésie-réanimation) », ajoute-t-il. À ce titre, il participe notamment au jury d’une bourse de recherche dédiée aux Iade.

MOMENTS CLÉS

2008-2010 : après son diplôme d’état infirmier, exerce en SSPI à la clinique La Francilienne, à Pontault-Combault (77).

2011-2014 : travaille en ssPi au pôle de neurochirurgie, ORL et ophtalmologie, à la Pitié-salpêtrière (AP-HP).

2016 : diplôme d’iade obtenu à l’école de la Pitié-salpêtrière.

Depuis 2016 : iade au bloc opératoire chirurgie, maternité, endoscopie digestive à l’hôpital tenon (AP-HP).

Depuis 2019 : membre de la commission Iade de la Sfar.