L’ARS Île-de-France vient d’être récompensée pour sa démarche de réduction des nuisances sonores dans les services de néonatalité.
En néonatalogie et en réanimation, les bébés sont soumis à des environnements bruyants. L’ARS Île-de-France s’est penchée sur le problème et a reçu le premier prix de la catégorie Santé et environnement lors de la 18e édition du décibel d’Or, créé par le Conseil national du bruit (CNB). « Notre délégation a piloté une étude acoustique d’avril à septembre 2016 dans cinq établissements volontaires de cinq départements(1) disposant d’une maternité de type 3, dotée d’un service de néonatalogie et de réanimation néonatale, souligne Nathalie Mallet, responsable du département veille et sécurité sanitaire à la délégation départementale des Yvelines de l’ARS. Les mesures ont été effectuées durant vingt-quatre heures au niveau des incubateurs et dans les chambres. Elles ont mis en évidence que les prématurés accueillis dans ces services étaient en permanence exposés à un niveau sonore élevé, avec des dépassements parfois majeurs (supérieurs à 60 dBA) par rapport aux valeurs guides émises notamment par l’OMS. » Dans un avis de 2014(2), le CNB rappelait que « dès un seuil de 5 à 10 dBA au-dessus du bruit de fond ambiant de son incubateur, le nouveau-né réagit aux stimulations sonores. Ces pics sonores, atteignant 55-60 dBA et surtout liés aux appareils techniques, peuvent aboutir à des réactions de stress avec accélération de la fréquence cardiaque et diminution de la fréquence respiratoire… »
Après avoir édité un rapport et des recommandations(3), l’ARS Île-de-France a engagé des actions de sensibilisation qui s’inscrivent dans son Plan régional santé environnement (PRSE) 2017-2021. Et notamment une plaquette(4) à destination des personnels de l’établissement, qui propose des leviers d’action. On peut citer : chuchoter le plus possible (soignants comme visiteurs), ouvrir les blisters hors de la chambre, réaliser les transmissions si possible dans un local isolé, manipuler avec précaution les portes, ne pas poser d’objet sur les incubateurs car les bruits de choc sont amplifiés pour le bébé, manipuler avec précaution les poubelles et chariots pour éviter les bruits d’impact… Dernier volet : elle a proposé une formation d’une journée directement en établissement. « L’après-midi est notamment consacrée à l’expression de la situation, à la visite du service, avec un regard sur les équipements, les aménagements et le matériel, souligne Valérie Rozec, formatrice et responsable de projet santé environnement au Centre d’information et de documentation sur le bruit (CIDB). Pour que les solutions soient pérennes, elles doivent êtres adossées à ce que l’on dit. Mais le bruit n’est pas une fatalité. De petits aménagements peuvent améliorer les choses, pour les bébés mais aussi en termes de fatigue et de stress pour les professionnels. »
Sur les quinze maternités de type 3 d’Île-de-France, huit ont été formées à ce jour. Mais comme le rappelle Gilles Souet, également formateur pour ce projet et responsable de l’unité « espace clos, environnement extérieur et urbanisme » à l’ARS Centre-Val-de-Loire, « si on veut faire quelque chose de cohérent, il faut avoir tous les métiers autour de la table, les soignants, les acheteurs, les administratifs, et mettre en place une démarche globale ».
L’objectif est de développer les formations dans l’ensemble des maternités de type 3 d’Île-de-France et de les évaluer fin 2020.
1 - Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis, Val-de-Marne, Val-d’Oise, Yvelines.
2 - À voir sur : bit.ly/2MdmwEE
3 - À voir sur : bit.ly/2tEwb0F
4 - À voir sur : bit.ly/2Mcio7I
La vigilance au bruit est de mise
Le service de réanimation de néonatalogie de l’hôpital Poissy-Saint-Germain dispose de six lits de soins intensifs et de 12 lits de réanimation avec une équipe de 70 infirmières. En juin 2019, neuf IDE, trois puéricultrices et la cadre de santé ont suivi la formation. « Nous avons beaucoup de sources de bruit avec les incubateurs, les scopes, les respirateurs, les pousse-seringues qui fonctionnent avec des alarmes d’alerte indispensables », explique Lydie Durandet, IDE puéricultrice et membre pendant douze ans du groupe nuisances sensorielles. « En revanche, quand nous faisons les soins à l’enfant, nous pouvons prévenir ce bruit et couper l’alarme pendant une à trois minutes, car nous avons la surveillance sur les écrans. Et puis, la réponse au bruit, c’est aussi la rapidité de notre réponse à l’alarme. » Dans les nouveaux locaux (juin 2020), les scopes seront reliés à une centrale avec alerte. « Nous l’attendons avec impatience car elle va nous permettre d’accentuer la surveillance avec un œil plus rapide sur l’ensemble des situations. Nous pourrons mieux repérer les degrés d’urgence, et éviter comme aujourd’hui, d’interrompre chaque action quand une alarme sonne. »