INTERVIEW : Peggy BOCQUET, Conseillère en prévention à la MSA Auvergne, dans le département de l’Allier
DOSSIER
En matière de prévention primaire, la conseillère en prévention et l’infirmière travaillent en binôme. L’enjeu est de permettre aux salariés d’atteindre la retraite au mieux de leur forme.
L’INFIRMIÈRE MAGAZINE : Quelles sont vos missions ?
PEGGY BOCQUET : Les conseillers en prévention travaillent beaucoup en prévention primaire et sur l’amélioration des conditions de travail. Nous sommes deux conseillères pour le département de l’Allier, chacune a son propre secteur. Nous proposons surtout du conseil et de l’accompagnement de projet. Nous travaillons autant auprès des exploitants agricoles que des entreprises agricoles ou des entreprises du tertiaire (Crédit agricole, centre de gestion, etc.). Certaines MSA sont spécialisées en filières, mais celle d’Auvergne est généraliste. Nous nous occupons donc aussi bien des secteurs bovin, équin, ovin, que des risques en forêt ou maraîchage, toutes professions confondues.
L’I.M. : Comment accompagnez-vous les agriculteurs ?
P. B. : La conseillère en prévention peut aider les agriculteurs pour un investissement, que ce soit une machine ou un bâtiment. Elle peut par exemple travailler avec des architectes sur la construction de nouveaux bâtiments, pour qu’ils soient le plus possible adaptés au travail quotidien. Nous sommes attentives à de nombreux points, par exemple aux lumières. Il faut que les néons soient positionnés de telle façon que les bovins ne soient pas bloqués par des lumières au sol. De même, concernant le positionnement d’une bétaillère, nous intervenons pour rappeler que les animaux ne doivent pas avoir le soleil dans les yeux lorsqu’ils montent dedans. Ce sont apparemment des détails, mais ces simples réflexes permettent aux animaux d’être plus sereins et donc aux salariés qui travaillent avec eux de moins se mettre en danger.
L’I.M. : Quels sont les risques spécifiques rencontrés par les salariés agricoles en Auvergne ?
P. B. : Dans cette région, la forêt, l’élevage, les céréales et la viticulture sont des domaines d’activité importants et les risques qui y sont associés sont larges. Les plus communs sont ceux liés aux bovins ou aux chevaux : coups, bousculades, piétinement, chute de cheval…, mais aussi les risques chimiques liés aux produits phytosanitaires utilisés pour traiter les animaux. Il existe aussi des risques forestiers, liés à la chute d’un arbre ou en rapport avec les machines (engins avec pelles, tronçonneuses, etc.). Le risque chimique est également très présent chez les céréaliers et les viticulteurs. Les troubles musculo-squelettiques (TMS), enfin, concernent toutes les professions : mal de dos, d’épaule, port de charge… Tout comme le risque lié aux machines, avec les tracteurs, pulvérisateurs, moissonneuses, et tous les engins utilisés au quotidien.
L’I.M. : Comment intégrez-vous les infirmières dans vos actions ?
P. B. : La conseillère en prévention et l’IDE interviennent notamment en prévention primaire. Les infirmières nous accompagnent pour les formations sur les risques de TMS, par exemple chez les viticulteurs, sur les risques chimiques, mais aussi pour les visites d’entreprises. Elles ont un regard médical que nous n’avons pas. Chez les viticulteurs, il y a des risques liés à l’usage du sécateur, mais aussi à l’hydratation, l’alimentation, le sommeil et les postures de travail. Nous essayons aussi d’intégrer les IDE lors de nos interventions dans des lycées agricoles. Le travail en binôme permet de faire le tour des questions techniques et médicales. En entreprise, je travaille beaucoup avec elles, car elles visitent les salariés et les suivent. Elles nous font remonter les problèmes qu’ils peuvent rencontrer sur les postes de travail. En forêt par exemple, nous travaillons avec les forestiers autour des tâches effectuées sur les machines afin de leur simplifier la vie, mais aussi sur la gestion des secours. Nous leur conseillons de toujours prévenir leurs proches de leur localisation, afin que quelqu’un sache où ils sont en cas de problème, puisqu’ils travaillent souvent seuls. En maraîchage, nous observons comment la personne travaille, si elle a déjà des soucis de santé et nous la conseillons sur le matériel qui existe pour mieux prévenir les douleurs et/ou blessures. Nous faisons en sorte que les agriculteurs arrivent à la retraite sans douleur et en meilleure santé possible.