L'infirmière Magazine n° 412 du 01/02/2020

 

MILIEU AGRICOLE

DOSSIER

Les IDE de la MSA animent fréquemment des formations auprès des salariés agricoles, qu’ils travaillent sur le terrain ou dans les bureaux. Reportage en Auvergne, à Riom, où Julie Ferroudj est intervenue auprès des salariés du secteur forestier et des administratifs.

Il est 9 h ce 8 décembre et ils sont une dizaine de salariés installés autour des tables. Ils sont comptables pour les agriculteurs chez Cerfrance, secrétaire, salariés de la coopérative forestière Unisylva ou encore conseillère en prévention à la MSA. La formation du jour est un recyclage de celle de sauveteur secouriste du travail (SST). Elle est animée par deux infirmières en santé et sécurité au travail de la MSA Auvergne : Cécile Escuroux et Julie Ferroudj. « Ici, on se tutoie et on s’appelle par les prénoms », commence cette dernière, pour mettre tout le monde à l’aise. Au menu de la journée : un peu de théorie, mais surtout beaucoup de pratique, autour de cas concrets. Le démarrage est rapide. « Qui peut me montrer comment réaliser un dégagement d’urgence ? », interroge la formatrice. Aucun volontaire. C’est donc Philippe Veyret, responsable d’agence à Unisylva, qui s’y colle. Il prend les chevilles de sa collègue, qui joue le rôle de la victime allongée au sol, et la tire un peu plus loin. « Comme ça, ça va ? » L’IDE acquiesce, puis lui demande s’il existe une autre manière de dégager en urgence une victime. « Par les bras ? », risque-t-il. « Oui, montre-moi ? », répond l’IDE. Philippe saisit alors la victime par les poignets et la fait glisser sur quelques mètres.

Rappels de connaissances

Après cette démonstration, les exercices se multiplient pour répondre aux questions : que faire en cas d’étouffement ? Et face à une hémorragie ? Les forestiers, notamment, sont très attentifs, car les risques de se blesser en forêt sont réels (voir encadré) et les secours peuvent tarder. « En cas d’hémorragie, il faut appliquer une compresse au niveau de la coupure, indique l’IDE. Les bûcherons sont censés avoir du matériel de compression. Si vous n’en avez pas, un tee-shirt peut servir de tampon, attaché avec des chaussettes. Si le saignement continue, on peut ajouter un deuxième pansement compressif. En revanche, il ne faut pas en faire au niveau du cou. »

La formation aborde ensuite la pose du garrot, interdit un moment puis réintroduit après les attentats. « Je conseille aux forestiers d’en avoir un, ça coûte 10 € dans le commerce. Quand on pose un garrot, il faut indiquer à quelle heure on l’a posé. Si on n’a pas de stylo, le sang de la victime permet de marquer une heure sur son front. Mais attention, seules les équipes médicales sont autorisées à enlever le garrot ! » Il est possible de faire des garrots avec du matériel trouvé sur place : ceinture, cravate, chaussettes… Mais pas de tissu élastique, au risque de cisailler la peau.

Julie Ferroudj indique enfin aux stagiaires que les points de compression, enseignés autrefois, ne sont plus d’actualité. Par ailleurs, elle leur rappelle qu’en tant que sauveteurs secouristes du travail, ils ne sont ni infirmiers ni médecins. « La première règle est d’appeler les secours et de mettre la personne en sécurité », insiste-t-elle. Les stagiaires repartiront néanmoins de cette journée avec leur carte de SST et de nouvelles compétences à mettre en pratique en cas d’accident ou d’urgence.

EN FORÊT

Des risques parfois graves

Lorsqu’il va en forêt, Thomas Boulogne, technicien sylviculture et gestion chez Unisylva, reconnaît que les risques sont « peu nombreux mais potentiellement très graves. En cas d’abattage, il faut bien porter les équipements de protection individuels (EPI) : les chaussures de sécurité, le pantalon anti-coupures, la veste, le casque et la visière. Dans le milieu forestier, les salariés ne mettent pas toujours la veste. Il y a un écart entre ce qui est obligatoire et la réalité », regrette-t-il. Or, « dans des endroits confinés avec beaucoup de végétation, un accident arrive vite. Nous pouvons avoir de gros problèmes : des coups de tronçonneuse, des arbres sur la tête, des coups d’engins… Cela peut être létal. »

Pour Thomas Boulogne, l’intérêt d’une formation SST est donc de pouvoir effectuer les gestes de premiers secours rapidement, « lorsqu’on est éloigné de toute civilisation ». Cette formation était un rappel pour lui et il note que c’était « très dynamique, avec beaucoup de cas concrets. Cela permet de se remettre d’aplomb sur les compétences à connaître. »