Faux départ - L'Infirmière Magazine n° 413 du 01/03/2020 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 413 du 01/03/2020

 

ÉDITORIAL

HÉLÉNE TRAPPO  

RÉDACTRICE EN CHEF

Le nouveau ministre de la Santé saura-t-il nouer un dialogue constructif avec les syndicats et collectifs mobilisés depuis près d’un an pour la défense de l’hôpital ? Peut-on espérer qu’il ne jouera pas le scénario de la guerre d’usure ? Fait symbolique : le service d’urgences de l’hôpital Saint-Antoine, précurseur du mouvement, est sorti de grève le 21 février dernier. Or, le collectif Inter-urgences précise, dans un communiqué, que cette issue « est davantage liée aux pressions exercées sur des équipes épuisées qu’à la satisfaction des besoins, et s’inscrit plus largement dans la volonté du gouvernement de laisser pourrir le conflit ». Les premières semaines ont été marquées par quelques annonces en ordre dispersé, qui n’ont pas manqué de heurter et de jeter le doute. Par exemple, en annonçant qu’il va réaliser une enquête sur le niveau de rémunération des soignants, le ministre a plutôt jeté de l’huile sur le feu. Cela s’apparente à un moyen de gagner du temps dont personne n’est dupe. Comme s’il fallait encore démontrer que les infirmières françaises sont parmi les plus mal payées d’Europe. Même l’Académie de médecine y va de son couplet, enjoignant le gouvernement à prendre des mesures « à la hauteur de la crise actuelle » et proposant, entre autres, une amélioration des salaires des personnels soignants. En attendant, si continuer la grève dans certains services semble difficile à tenir, le succès du mouvement – à défaut de réponses satisfaisantes – est d’avoir permis de libérer la parole des « sans voix » et de la graver dans le marbre, comme le dit Hugo Huon(1). À l’heure où nous mettons sous presse, c’est le coronavirus qui tient la vedette. Et l’on s’interroge, en cas d’épidémie, sur la capacité à faire face à la surcharge que représenterait un afflux de patients dans le contexte actuel. De quoi exacerber les tensions…

1- Lire la chronique de son ouvrage p. 62.